Junjou Romantica - Edition Canada

Milo était effectivement dans une filière plus scientifique grâce à ses choix . Mathématique appliqué, il assistait à des cours de science assez avancé. Et bien évidemment faisait parti de groupe comme celui d’astronomie et celui de calcul mental. Il était encore assez en colère d’être arrivé troisième en calcul mental. Étrangement être très bon en classe ne l’empêchait par d’être considéré comme une brute épaisse même s’il avait arrêté de s’en prendre aux autres élèves



- Ok, je vais t’attendre devant le lycée alors


Puis il se leva alors et lui fit signe «  Viens je vais t’accompagner en cours. Dis moi plus personne ne t’embête maintenant ?  »






Jared de son côté alla dans la bibliothèque de ses parents afin d’y prendre quelques poèmes. C’était assez étrange de se sentir étranger dans la maison de son enfance. Il s’aperçut dans le miroir, il avait un peu laisser pousser ses cheveux avec tout les événements. Il avait envie d’un peu de changement capillaire. Peut-être passer dans un salon. Hum …

De son côté la maman fut ravi d’entendre le violoncelle reprendre vie. C’était si agréable et Alexis jouait vraiment très bien. Jared avait vraiment trouvé un jeune homme très doué. C’était malheureux que son mari ne puisse pas passer outre . Jared arriva de nouveau avec des livres sous le bras , il resta debout écoutant Alexis

Ça lui allait si bien la musique , comme le plus beau des vêtements

Duncan avait davantage accentué son cursus sur des matières plus légères, mais on pouvait difficilement avoir un cursus artistique dans les écoles, ce qui était bien dommage. Il se contentait donc d'un cursus littéraire, et il le faisait de son mieux, même si ce n'était pas toujours facile. Il était déjà très content quand il atteignait la moyenne pour sa part.

- Merci. Je te rejoins le plus vite possible.

Milo l'accompagnait très souvent ces derniers, que ce soit pour le suivre jusqu'à sa maison ou faire le trajet jusqu'à la salle de classe. Il était vraiment prévenant. Il devrait lui aussi lui demander plus souvent s'il voulait qu'il le raccompagne.

- Non, je crois qu'il n'y a plus personne.

Il s'en était rendu compte petit à petit, qu'il était de moins en moins embêté. Et cela lui avait fait plaisir.



Alexis se sentait toujours bien quand il jouait du violoncelle. C'était plus qu'une passion. C'était un moyen pour lui de gérer ses émotions et d'arriver à les exprimer. Il aimait composer des poèmes, car cela l'aidait à trouver ses mots, mais il n'était pas toujours facile pour lui de discuter de ce qu'il ressentait. Les mots n'étaient pas assez puissants parfois.

Il laissa un petit silence s'installer une fois la dernière note jouer, puis il reposa le violoncelle. Ca lui avait fait du bien. Il se sentait un peu plus apaisé : << J'étais venu dans l'optique de vous raconter un peu mon histoire, même si c'est quelque chose que je n'ai jamais fait, car cela aurait permis au papa de Jared de me juger en tant que personne avant tout, et pas seulement sur base de mon sexe, mais ... les choses ne se passent pas toujours comme on l'avait prévu, même rarement. Ce n'est pas facile pour moi de parler de ma vie de toute façon, mais j'avais réussi à rassembler mon courage alors ... est-ce qu'il y a des choses que vous aimeriez savoir sur moi ? Cela vaut aussi pour toi Jared. >>

Milo l’accompagnait parce qu’il se souciait de lui. Mais aussi parce qu’il vérifiait que les personnes qu’il avait gentiment corrigé n’oubliait pas leurs leçons. Pour ce qui était de l’accompagner jusqu’à la maison… il aimait juste passer du temps avec Duncan.

- Tant mieux. Quand tu feras des études supérieur, je ne serais pas avec toi mais bon … l’école d’art … en principe ça devrait bien se passer

Il devait d’ailleurs discuter avec lui de son avancé dans ce projet là. Ça serait génial après tout de pouvoir aller à l’université ou enfin peu importe tant que son ami était libre. Une fois devant il agita sa main puis alla en direction de son cours

Bon, il était temps d’y aller.






Jared observa sa mère tapoter son menton avec un air curieux. Elle pouvait donc lui poser quelques questions. Quel questions aurait demandé son époux s’il avait été du sexe opposé. «  Tout d’abord ton cadre familial . Comment est ta famille . Que souhaite tu faire plus tard ? Comment tu imagines ta vie avec Jared ?  »

Jared voyait bien qu’elle faisait de son mieux pour poser les questions que son père aurait pu poser . La brave femme posa ses mains sur ses genoux «  Oui ce genre de questions. Je crois que ça serait définitivement ce genre de questions  »

Jared pouvait tout le temps poser des questions à Alexis donc il donnait le monopole à sa mère aujourd’hui

Duncan aimait aussi passer du temps avec Milo alors il appréciait ce moment. Mais c'est vrai que quand Milo était avec lui, personne ne venait jamais l'embêter. pourtant Milo n'était pas si intimidant. Enfin, maintenant qu'il y réfléchissait, avant qu'ils ne soient amis, il le trouvait plutôt intimidant.

- Oui, normalement les personnes qui vont en école d'art sont très ouverts d'esprit et ont chacun leur petite particularité.

Mais il y avait peut-être un peu de compétition ? Duncan ne savait même pas s'il irait dans une école d'art. Il pouvait maintenant affirmer qu'il en avait envie. Mais il devait encore affronter Blaise, puis Monsieur Armand. Si le premier lui semblait déjà presque impossible, le deuxième lui semblait tout bonnement inimaginable. Il fit un petit geste de la main en direction de Milo lui aussi puis il alla en classe.



Alexis écouta les questions. Elles demandaient toute de partir du même endroit, au final. Depuis le début. Ce ne serait pas facile. Il ne l'avait jamais fait jusqu'à présent. Il ne savait pas s'il réussirait à en parler, mais il devait essayer. Il sentait que sa nervosité revenait. Il indiqua à Jared de s'assoir, cela risquait d'être long. Comment formuer ses idées ? De l'extérieur, on pouvait voir qu'il semblait avoir quelques difficultés.

- Je... Ma famille est .... Depuis toujours, je ...

Calme. Tout allait bien se passé. Il ne devait pas perdre pied. Il prit une grande inspiration, puis il eu une idée, et il sortit son téléphone. Il les regarda alors : << Est-ce que je peux vous faire écouter une musique ? Un jour je l'ai découverte, et je pense que c'est une bonne manière de commencer à parler de ma vie. Ou si vous préférez, je peux la lire sous forme de poème, ou essayer de la chanter en jouant de la musique >>

Milo était devenu moins imposant en la présence de Duncan. Il faisait parti des terreurs, poussant certaines personnes, se moquant ouvertement. Étrangement, il s’était trouvé une petit paix ces derniers temps. Sans parler du fait que l’assistant sociale depuis qu’il avait son fils à la maisons l’embêtait beaucoup moins

Milo travailla donc et réussir n’était pas une option. Finalement son cours se termina rapidement «  Milo, t’as plus aucune drogue à refourguer ?  ». Milo secoua la tête négativement. Même ça , il l’avait arrêté.

Il s’assit sur les escaliers du lycée discuta avec quelques amis puis prit des nouvelles de la nounou et d’Hugo. Il reçu même un message de sa mère qui lui demandait encore des nouvelles d’Hugo … mais bon elle ne viendrait sûrement pas le voir.

Milo observa les bâtiments devant lui . Il avait hâte de quitter cette ville pourrie, même ce pays pourri





Jared voyait bien qu’Alexis avait du mal alors il alla s’asseoir afin de le mettre dans la situation qui l’aiderait le plus. La mère de Jared semblait assez touché de le voir avoir tant de difficulté . Que se passait-il ? Il espérait que ce n’était rien de trop grave pour Alexis

- Bien sur , tu peux tout nous expliquer dans la manière que tu préfères assura la mère

Jared lui sourit «  Choisis ce que tu veux Alexis. Ce qui te met le plus à l’aise  ». Il savait qu’Alexis s’exprimait plus facilement à travers l’art. Il fallait donc qu’il choisisse son médium et ainsi ils pourrait écouter son histoire

Alexis était désolé d'avoir si difficile, pourtant il s'était préparé mentalement. Finalement, ce n'était peut-être pas plus que mal que le papa ne soit pas là. Il fut un peu soulagé qu'on le laisse utiliser le moyen qui lui était le plus facile, et après réflexion il décida que leur faire écouter la chanson était le plus simple. Au moins il n'avait pas à parler ou jouer au risque de trembler. Il leur fit donc écouter la musique, qui était en anglais mais cela ne devrait pas leur poser de problème.

Spoiler:

Après la chanson, il se laissa un petit temps de silence, le coeur battant, puis il essaya de se lancer de nouveau. Cette fois-ci, il décida de ne pas trop réfléchir et de laisser sortir les mots comme ils venaient.

- Vous avez déjà connu cette sensation de "cri silencieux " ? Je trouve que cette chanson l'exprime très bien. On a envie de pleurer, de crier, mais soit personne ne nous écoute, soit on n'arrive pas à le sortir parce qu'il y a tellement d'autres choses qui nous bloquent ... Moi, je l'ai connu. Ce blocage. D'ailleurs, c'est encore difficile pour moi aujourd'hui d'arriver à m'exprimer sur ce que je ressens, ou ce qui ne va pas. Je pense que c'est aussi pour ça que j'aime tellement la musique. Je n'ai pas besoin de mots. Je n'ai pas toujours forcément besoin de comprendre ce que je ressens. Juste de jouer.

Il était en train de s'égarer. Ou peut-être pas. Peu importe, finalement. Il était lancé. Et cela lui donna suffisamment de courage pour s'attaquer au début de son récit.

- Ma famille est elle aussi une famille qui est très portée sur les traditions, d'une certaine façon. Elle vénère la perfection. En tout cas, c'est toujours comme cela que moi je l'ai ressenti. Depuis plus de dix générations, notre famille est très liée aux enquêtes. C'est un peu notre talent familial. On a eu des policiers, des inspecteurs, des détectives, des agents spéciaux, des agents secrets. Il y a eu quelques dérivés bien sûr : des procureurs, des juges, des soldats mais généralement, cela reste dans le domaine de la loi et de l'ordre. Mon père est détective, et le genre de détective qui peut résoudre des enquêtes en très peu de temps, même les plus complexes. Ma mère est agent spécial et elle était suffisamment intelligente et douée pour intéresser mon père. Ils ont mon grand frère, qui est maintenant inspecteur. Ils ont ensuite eu ma grande soeur, qui est une détective prodige. La perfection dans toute sa splendeur. Et puis, il y a eu moi. La déception.

C'était douloureux de l'avouer encore aujourd'hui, même s'il l'avait très souvent pensé, et qu'on le lui avait souvent fait comprendre. Mais qui aimait être une déception aux yeux de ses parents ? Personne.

- Avant même que je naisse, mon chemin était tout tracé dans la tête de mes parents. Ils avaient déjà eu deux autres enfants et ils savaient que leur éducation fonctionnait. Leurs enfants étaient très intelligents, et montraient des prédispositions à la résolution d'enquêtes criminelles. On pourrait presque dire que dès qu'on nait, on est entrainé pour cette vie. Je suis donc né dans cette optique. Mais avec moi, ça n'a pas marché. Alors que mes ainés commençaient à faire des liens et des connexions entre divers éléments d'une scène de crime ou entre différents indices montrés par mon père à l'âge de quatre ou cinq ans, moi, moi je n'y arrivais pas.

Il se rappelait les nombreuses heures d'entrainement (forcé) alors que lui voulait juste jouer avec ses parents. Il aurait voulu qu'on lui lise des histoires sans devoir réussir des exercices compliqués avant. Et même quand il avait droit à une histoire, c'était toujours une histoire d'enquête. Il se rappelait qu'il faisait vraiment de son mieux pour essayer de faire plaisir à ses parents, surtout son père, mais que ce dernier finissait toujours par s'impatienter et se mettre en colère. Il se rappelait encore clairement de cette boule au ventre chaque fois que son père l'amenait dans la pièce "des devinettes" comme il l'appelait, mais qui était systématiquement synonyme d'échec pour lui.

- Toute mon enfance, c'était ça. Ecole, devoir, entrainement, diner, entrainement, dormir. Ceux qui avaient le droit de s'amuser étaient ceux qui réussissaient à trouver la solution aux énigmes ou aux problèmes qu'on leur soumettait, alors j'ai rarement eu l'occasion de jouer. Et au final, en voyant à chaque fois la déception dans les yeux de mon père, je me suis moi-même mis à penser et vivre uniquement pour l'entrainement. Dans ma tête, je me disais que si je faisais encore plus d'effort, cela allait finir par payer. J'allais réussir à être intelligent. J'allais réussir à faire en sorte que mon père soit fier de moi, juste une fois au moins. C'était devenu ma nouvelle ambition. Je voulais exister. Au yeux de mes parents, de mon frère, de ma soeur. C'est une sensation horrible, de se retrouver dans une famille avec une identité si forte qu'elle vous étouffe. J'avais l'impression de ne pas avoir d'identité. Et à six ans, tout cela, on ne sait pas l'exprimer. Je ne pouvais pas encore comprendre à quel point cela me faisait mal de ne pas réussir comme mon frère ou ma soeur, à quel point c'était douloureux d'être vu comme un imbécile. Je ne le comprenais pas, mais je le ressentais, sans pouvoir l'exprimer. C'est vraiment une sensation horrible.

Et il avait continué à faire des efforts et à se consacrer corps et âme à la passion de sa famille, en espérant qu'un jour, il comprendrait enfin comment tout cela fonctionnait. Comment faire des connexions aussi rapides. Comment trouver l'élément manquant qui complétait tous le puzzle. Comment dénicher correctement les indices et comment les analyser de manière parfaite. Tout cela était très obscure pour lui. Cela l'était à quatre, à six ans, à huit ans et même à dix ans.

- Mon premier souvenir heureux, ca doit être vers mes huit ans, quand j'ai pu jouer de la musique. L'art musical est encouragé dans notre famille car il permet souvent à notre esprit d'entrer dans une sorte de transe qui peut nous aider à remettre en ordre une affaire compliquée, d'après mon père. Il sait qu'en me laissant jouer de la musique, cela stimulerait peut-être mon esprit. Je ne suis pas soudainement devenu plus performant pour résoudre des enquêtes, mais j'avais enfin trouvé le moyen d'extérioriser tous ces sentiments complexes qui m'habitaient : la douleur, la détresse, la tristesse, le dégout, la honte, la culpabilité. C'est beaucoup d'émotions pour un petit enfant. Je crois que je ne savais même pas vraiment ce qu'était la joie ou l'amour. Je n'avais pas le temps d'être joyeux : se faire des amis ? pas le temps et de toute façon, c'était sans intérêt aux yeux de mon père. M'amuser ? Hors de question, j'avais tellement de retard à rattraper. Être réconforté ? Mes parents ne sont pas très tactiles. Des sourires ? Comment sourire alors que j'étais si nul.

Maintenant qu'il était lancé, les mots venaient facilement, comme une cascade. Il faisait de son mieux pour parler d'une manière neutre et resté détaché, mais l'émotion était souvent palpable dans sa voix. Il gigotait aussi parfois un peu, surtout lorsqu'il se dépréciait. Ses petites mains tremblaient parfois et il devait alors les serrer l'une contre l'autre pour ne pas que cela se voit.

- Je me suis senti un peu mieux, grâce à mon violoncelle. Même mon frère qui ne me portait pas grand intérêt s'intéressait un peu à moi quand je jouais. Il disait qu'il aimait bien ma façon de jouer. Ma relation avec mon frère a toujours été compliqué. Il faisait quelques efforts pour entrer dans mon univers, et moi j'essayais désespérément d'entrer dans le sien, mais on n'y arrivait tout bonnement pas. Lui ne pouvait pas comprendre pourquoi c'était si dur pour moi, et moi je n'arrivais pas à comprendre pourquoi pour lui s'était si facile. Quant à ma soeur ... elle m'évitait encore plus. Elle était plus méchante aussi. Pas volontairement bien sur, elle se sentait juste supérieur, parce qu'elle était naturellement douée en tout et qu'elle faisait la fierté de la famille. Elle ne pouvait que me trouver idiot et pleurnichard, elle aussi. Tout ceci me paraissait très logique mais en même temps, cela me faisait vraiment très mal. J'avais de bonne à l'école, mais cela n'avait aucune importance.

Sa relation avec sa soeur était toujours très distante d'ailleurs. Ils ne se parlaient presque pas, et quand ils le faisaient, ce n'était pas vraiment une discussion. Avec son frère, il y avait un peu plus de contact (souvent initié maladroitement par Holmes) mais il y avait toujours un malaise, une barrière, une incompréhension. Ce n'était vraiment pas quelque chose de simple, la communication.

- J'ai fini par ne plus pouvoir jouer du violoncelle. Quand mon père a réalisé que je lui accordais plus d'importance que ce qu'il essayait de m'apprendre, il m'en a privé. Je pourrais le récupérer quand je serais enfin devenu capable d'être à la hauteur de la famille. Autant dire que je n'ai pas revu mon instrument avant un long moment. Un très long moment. Je me suis alors tourné vers l'écriture, et c'est là que j'ai commencé à écrire des poèmes. C'était un autre moyen d'essayer de sortir toutes ces émotions qui risquaient d'exploser un jour. C'était moins efficace que le violoncelle, mais ce fut suffisant, et je trouvais même cela un peu amusant. C'était chouette de réfléchir à des rimes ou de compter le nombre de syllabes.

Alexis eu un petit sourire puis il continua son histoire.

- J'ai tenu bon jusqu'à mes douze ans. Pendant toutes ces années, j'ai tiré sur la corde. Même quand j'allais me coucher, mon esprit ne pouvait s'empêcher d'essayer de faire des connexions et des liens qui n'avaient aucun sens pour moi. Toute la journée il tentait désespérément de faire quelque chose qui m'était impossible, et il a fini par surchauffer. J'étais terriblement fatigué et angoissé. Cela faisait longtemps maintenant que mon père ne m'aidait même plus ou ne m'amenait plus dans la pièce des devinettes. Il ne croyait plus en moi. Je m'entrainais donc encore plus dur tout seul, car je ne voulais pas abandonner. Je ne voulais pas me résoudre à être bête. Je pleurais de désespoir le soir avant d'aller me coucher. Je faisais d'horribles cauchemars où je me réveillais très angoissé. J'avais des pensées noirs. Je crois que cet état a duré pendant deux ans, de mes dix à mes douze ans. Je continuais de m'accrocher à ma persévérance, c'était tout ce qu'il me restait. Et puis c'est arrivé.

Là aussi, il s'en souvenait parfaitement. Cela faisait plusieurs semaines qu'il était horriblement fatigué. En même temps, il faisait de plus en plus souvent des insomnies, et il était tellement triste et angoissé de ne pas être digne de la famille, de ne pas exister, qu'il était malade en voyant de la nourriture. Il était à bout de force. La rupture était inévitable.

- Je me souviens que l'instant d'avant, je me dirigeais vers les toilettes de mon école avant le début des cours de l'après-midi. J'ai posé le pied sur la premier marche de l'escalier, que je devais descendre pour aller aux toilettes, et puis c'est le noir complet. Je me suis réveillé à l'hôpital deux jours plus tard, et je me rappelle très bien que lorsque le docteur m'a dit que j'avais fait une chute, la première chose que j'ai pensé c'est " est-ce que c'était un accident ou est-ce que j'ai...." Au final, il s'est révélé que c'était une chute accidentelle dû à la fatigue, mais le fait d'avoir pensé que j'aurais peut-être pu passer à l'acte m'a fait me dire que c'était là. C'était là que je devais arrêter. Si je continuais à être obsédé par la logique, les enquêtes et les énigmes, j'allais continuer d'être fatigué, et j'allais peut-être même un jour perdre la tête. J'ai donc dû me résoudre à abandonner.

Comment décrire la suite ? Tout était plus flou à partir de ce point, et ce pendant un certain nombre de mois. Alexis chercha de nouveau ses mots, mais cette fois ils furent plus facile à trouver.

- Vous voyez, c'est comme si depuis le début, j'étais perdu en pleine mer, en pleine tempête. Jusque là j'avais réussi à ne pas couler, mais en me débattant j'avais perdu beaucoup d'énergie. Alors, dans ce genre de situation, quand le corps ne tient plus et que l'esprit commence à faiblir aussi, on se dit qu'en se laissant porter par la vague, en arrêtant de lutter dans tous les sens, peut-être que tout serait beaucoup plus simple. Peut-être que c'était cela la solution depuis le début. Abandonner la lutte. Et pendant quelques minutes, ça a marché. Je me suis senti mieux. J'avais l'impression de respirer de nouveau. Un poids m'a été retiré des épaules. Mais juste après, juste après ... j'ai réalisé que mon abandon confirmait ce que mes parents me faisaient ressentir depuis le début : j'étais un raté. Un imbécile. Un incapable. Je n'accomplirais jamais rien, car j'étais trop idiot. Cette fois, c'était une vérité que je ne pouvais plus repousser. Cette certitude s'est ancrée au plus profond de moi, et j'ai eu encore plus mal qu'avant.

Sa poitrine lui faisait mal. Mais il devait continuer. Il avait envie d'aller jusqu'au bout de son histoire. C'était presque devenu un besoin maintenant. Il cala ses mains sous ses jambes pour qu'elle ne tremble pas plus. C'était beaucoup d'émotions encore aujourd'hui.

- Cela faisait tellement mal que j'ai vraiment cru que j'allais devenir fou. C'était vraiment comme si mon âme se déchirait. Ou que mon cœur se brisait. Peut-être les deux. Quoi qu'il en soit, pour ne pas perdre le peu de santé mentale qui me restait encore, j'ai fait la seule chose qu'un gamin de douze ans désemparé et tout seul était capable de faire : je me suis réfugié au plus profond de moi, et je me suis entouré d'un cocon. Je ne vois pas comment le décrire mieux. J'ai arrêté de penser et de ressentir. Je m'étais isolé de tout. Du monde extérieur. De mes émotions. Je pouvais enfin me reposer dans le calme, sans qu'aucune mauvaises pensées ne viennent me faire du mal. Sans qu'aucun mot blessant ne m'atteigne. Je me sentais enfin bien, apaisé. De l'extérieur, je ressemblais à un zombie je pense. je mangeais, je marchais, j'allais en cours mais je ne parlais plus, je n'écrivais plus, je ne m'intéressait plus à rien, et je regardais toujours dans le vide. C'est vraiment comme si j'étais devenu une coquille vide, ou que plus rien n'avais de sens à mes yeux. Encore aujourd'hui, c'est assez flou. J'étais loin de tout. Je me souviens de la plénitude que je ressentais, mais quand je me regarde vu de l'extérieur, ça me donne froid dans le dos.

Il ferma un instant les yeux, mais les rouvrit assez vite.

- En tout cas, mon état a fini par alerter l'école, qui a mis la pression à mes parents pour me faire voir quelqu'un. Ils ont fini par le faire. Je ne me rappelle plus vraiment comment ce sont passé les quelques séances que j'ai eu avec la psy. J'étais muet la plupart du temps, et je ne faisais pas grand-chose. Parfois, un mot ou une phrase qu'elle me disait me faisait exploser. Mais c'est à peu près tout ce dont je me souviens. Elle a fini par me diagnostiquer une dépression majeure, et elle a conseillé à mes parents de me laisser aller dans un centre de repos pour jeunes. Je crois qu'elle avait bien compris qu'il valait mieux me séparer de ma famille pour le moment. Mes parents n'étaient pas mécontent de se débarrasser de leur enfant à problème, de toute façon ils avaient déjà fait une croix sur moi. J'ai donc rejoint un institut psychiatrique et là, on a essayé de reconstruire tout ce qui était cassé.

(Suite au prochain message)

Jared et la mère écoutèrent l’histoire d’Alexis sans broncher. Bien que sans broncher était rapidement dit. De son côté la mère écoutait le récit en retrouvant un peu de son mari et de ses fils. Elle se demandait s’ils n’avaient pas destinés leur fils à la médecine sans vraiment se soucier de ce qu’il désirait vraiment. La différence était tout de même massive. Le père de Jared serait prêt à en discuter. Il serait déçu mais prêt à avancer pour le bien de son fils.

L’histoire du jeune Alexis était terrifiante et triste. C’était une lourde histoire à avoir en lui à un si jeune âge. Devoir affronter son mari devait avoir ouvert cette plaie du rejet. Pauvre petit. Bien que la chanson fut jolie, elle parlait d’elle même. Le jeune homme avait beaucoup souffert

Elle observa alors son fils concentré sur les mots de son petit ami. Visiblement choqué parce qu’il avait subi durant son enfance. Sa mère lui toucha donc la main et Jared lui adressa un petit sourire pour lui montrer qu’il allait bien. Mais elle connaissait Jared. Il était visiblement triste et irrité. Mais silencieux pour pouvoir laisser son petit ami partager ce moment

Il était néanmoins choqué de cette éducation, de cette famille et ce choix de l’isoler et presque le pousser au suicide pour un métier . La mère tenta de sourire au pauvre Alexis

- Continue a ton rythme

Là était toute la subtilité : c'était bien plus qu'une histoire de simple métier. Dans sa famille, c'était presque un art, ou une science, et il y avait aussi une question d'honneur, de fierté, et d'image. Alexis avait été une déception sur tous les points. Jugé trop sensible et pas assez intelligent, et en plus trop faible mentalement.  Il avait tous les défauts du monde aux yeux de son père. La maman de Jared avait en partie raison, il retrouvait un peu de son père dans l'attitude du père de Jared, et cela faisait beaucoup écho à ce qu'il avait vécu, mais il savait aussi que Jared avait la chance d'avoir des parents qui l'aiment. Lui, il était presque sûr que non.

- Je sais que quand on dit "institut psychiatrique", tout le monde se fait une mauvaise image, c'est pour ça que cet épisode de ma vie a été effacé de mon dossier scolaire. Je ne voulais pas qu'on me juge sur base de ce critère. D'ailleurs, tout le monde là-bas le considérait plutôt comme un centre de repos, et je trouve que ce nom lui va bien, car pour moi, cela a vraiment été reposant. Bien sur, je n'ai pas été mieux tout de suite. J'étais toujours endormi dans mon cocon, bien à l'abri, et pourquoi est-ce que j'aurais voulu en sortir en sachant que dans le monde extérieur, j'étais un moins que rien et que je souffrais à chaque fois ? J'étais bien mieux dans mon cocon. Ca n'a pas été facile de me sortir de mon état de demi-conscience. Je n'arrivais pas à avoir la motivation, ou à me sentir en sécurité. Ils ont essayés beaucoup de méthode pour m'aider, et ils ont été très patients, mais finalement la solution est venue de ma tante. Elle leur a parlé de mon amour pour le violoncelle. J'ai appris plus tard qu'en fait c'était mon grand frère qui lui en avait parlé parce qu'il s'inquiétait pour moi, mais le fait est qu'il n'a jamais osé venir me voir. Peut-être parce que le centre lui a conseillé de ne pas venir, ou peut-être que mon père lui avait interdit. On a jamais beaucoup discuté de ce genre de sujets ...  

Son frère avait au moins essayé d'intervenir indirectement. Il était finalement celui qui avait le plus essayé de se rapprocher de lui. Et pour ça, Alexis lui serait toujours reconnaissant, même si cela n'effaçait pas tout et qu'ils restaient des choses à régler entre eux deux.

- Ils m'ont fait écouté du violoncelle, ils ont aussi fait des ateliers basés sur la musique. J'ai fini par me "réveiller" doucement mais surement. J'étais plus actif, et plus conscient, même si je n'arrivais toujours pas à parler. J'ai tellement eu l'habitude de tout contenir à l'intérieur et de tout réprimer que je ne savais pas du tout comment exprimer ce que je ressentais, et parfois, je n'arrivais même pas à comprendre tout ce que je ressentais, tellement c'était complexe. J'ai encore ce problème aujourd'hui d'ailleurs, même si je m'en sors mieux qu'avant. Mais ça me demande à chaque fois un grand effort. J'ai pu rejouer au violoncelle après tant d'années de privation, et ca m'a fait du bien. C'est alors devenu mon moyen de communication principal avec les professionnels du centre, jusqu'à ce que je recommence à parler après avoir été mis suffisamment en confiance et que j'ai été sur qu'ils ne me trouvaient pas sans intérêt ou idiot. J'ai aussi commencé à m'intéresser aux autres adolescents du centre et à lier des amitiés, une chose que je n'avais jamais pu faire, et c'était trop cool. On avait tous nos problèmes et nos bizarreries malgré tout cela ne nous empêchait pas de s'entraider tous et personne ne jugeait jamais. On a fini par se perdre de vue avec les années, mais je garde toujours un bon souvenir d'eux. Mes premiers amis.

Il eut un petit sourire en repensant à eux. Il se souvenait toujours avec une certaine tendresse de cette période, même si tous les jours n'étaient pas roses et que le chemin de la reconstruction avait été long, frustrant et douloureux. On pourrait penser qu'après être tombé, il suffisait de se relever et de repartir, mais ce n'était pas aussi simple. Lui devait gravir une montagne pour arriver à s'en sortir.

- Je pensais avoir fait le plus dur, mais en fait, c'est très difficile de se reconstruire. Parce que pour surmonter mes problèmes, j'allais devoir m'y confronter. Et ça, c'était au-dessus de mes forces pour le moment. Mais il fallait bien qu'à un moment on commence à travailler là-dessus. Ils ont commencé par essayer de me remettre à l'école. J'avais dû arrêter momentanément ma scolarité le temps de me remettre un minimum. Je n'avais jamais eu de difficulté à l'école, j'avais toujours de bonne note, alors j'étais plutôt confiant le premier jour quand je suis arrivé, mais au premier contrôle, je me suis retrouvé paralysé. Je n'arrêtais pas d'entendre cette voix qui me disait que j'étais trop bête, que j'étais trop faible, que je n'y arriverais pas, et ça me clouait sur place. Et plus j'essayais de reprendre le contrôle, plus je le perdais, et j'ai fini par être si angoissé que j'ai fait une crise de panique. Ca a été la première d'une longue série. Ils ont essayés de m'entrainer dans un endroit plus sécurisé, c'est-à-dire le centre, mais même là je restais bloqué. Dès que j'avais l'impression qu'on m'évaluait, que je devais être à la hauteur des attentes, j'avais cette peur d'échouer qui s'emparait de moi, et ça me paniquait. Parce que j'avais déjà tant échouer dans ma vie, j'avais déjà ressenti tellement de pression ... mon esprit très fragile n'arrivait pas à le gérer. C'était très frustrant de faire un pas en avant et deux pas en arrière. Ca a demandé beaucoup de temps, d'effort, de patience, de courage et de persévérance pour arriver à avancer malgré mes problèmes.  

Il avait parfois regretté d'être sorti de son concon, mais il y avait plein de gens pour l'encourager, il avait des amis, il pouvait jouer du violoncelle, c'était déjà une amélioration en soi par rapport à avant. Alors il avait trouvé la force de continuer d'essayer.

- Au final, j'ai manqué plus d'un an d'école mais je connaissais bien mes matières car j'avais des cours au centre. j'ai donc pu passer les examens de mon année, et les réussir, sans avoir de retard par rapport aux autres, ce qui a été un soulagement pour moi. C'était la première chose que je réussissais depuis longtemps. Ils ont du faire des aménagements pour que ce soit un peu moins stressant pour moi, mais l'école a été très compréhensive. Ca m'a redonné un peu confiance. Finalement, devant mes progrès, la question de retourner à la maison a commencé à être abordée, mais de nouveau, cette idée m'angoissait et je n'arrivais plus à respirer. Ce n'était pas vraiment "ma maison" à mes yeux. C'était devenu un endroit qui me terrifiait. Ma tante m'a apporté la solution. Elle m'a proposé de venir habiter chez elle, qu'elle s'arrangerait avec ma famille et qu'il n'y aurait pas de problème. Et c'est ce qui s'est passé.

Il n'avait pas encore beaucoup parlé de sa tante jusqu'ici, mais elle était son héroïne. Au final, elle était sa deuxième maman, celle qu'il avait choisi. Sa tante n'était pas du tout dans le domaine de la police ou des lois, elle était entraineuse et ancienne sportive. Elle était donc une femme tout à fait normale au niveau de son intelligence, mais d'une incroyable générosité dans son coeur, et en voyant ce pauvre petit garçon souffrir autant, elle avait pris les choses en main. Son mari était plus souple que le père d'Alexis, et il aimait énormément sa femme, alors il ne fut pas dur à convaincre. Alexis était aussi très reconnaissant à son oncle de l'avoir hébergé bien sûr, surtout qu'il ne lui avait jamais fait de remarque sur son intelligence ou son incapacité à résoudre des énigmes. Leurs deux filles n'avaient pas été élevées dans la pression et les énormes attentes étouffantes. L'ambiance chez eux était bien plus agréable.

- Ma tante venait me voir de temps en temps au centre pour m'encourager et prendre des nouvelles. Elle me donnait aussi des nouvelles du monde extérieur, même si elle ne parlait jamais de mes parents. J'ai donc fini par aller habiter à Sherbrooke avec elle, mon oncle, et mes deux cousines. Je suis originaire de Hamilton, à la base, donc j'ai eu la chance d'avoir une scolarité anglaise et française. L'ambiance là-bas était bien plus légère. Mon oncle avait lui aussi embrassé la carrière familiale, mais il m'a expliqué que lui aussi avait souvent été comparé à son frère, mon père, et qu'il avait eu plus difficile à supporter l'éducation de leur père, même si au final il était épanoui dans sa vie aujourd'hui. Mais il comprenait ce que j'avais traversé, plus ou moins. Il n'en restait pas moins plus intelligent que moi. Il me qualifiait  de "personne ordinaire" mais ce n'était pas négatif dans sa bouche, car sa femme l'était aussi et il l'a trouvait quand même exceptionnelle à sa manière. Il m'a dit que je trouverais aussi un domaine dans lequel je serais doué, même si ce n'était pas le domaine que ma famille aurait voulu. Ma tante s'occupait surtout de mon bien-être, elle s'assurait que je mange correctement, que je ne sois pas trop angoissé, et que je parle un peu de mes émotions, même si c'était difficile. Elle m'a beaucoup aidé à surmonter certaines peurs que j'avais. Elle m'a un peu initié au sport pour m'apprendre la compétition de manière amusante, mais je n'ai jamais vraiment accroché. La compétition, je trouvais cela trop oppressant. Je n'aime toujours pas ça d'ailleurs. J'avais peur qu'elle me déteste si je ne me montrais pas doué ou intéressé, mais elle m'a rapidement dit que ce n'était pas grave du tout et qu'il ne fallait pas se forcer. C'était assez libérateur, mais je n'arrivais toujours pas à me dire que je n'étais pas un moins que rien. J'avais eu quelques réussites, c'est vrai, mais rien de marquant. Cette voix dans ma petite tête ne voulait toujours pas se taire. J'arrivais à respirer et à sourire, mais je me sentais toujours mal dans ma peau.

Pour être honnête, il l'entendait encore une fois de temps en temps même aujourd'hui; Durant les périodes d'examen, ou lorsqu'il devait gérer la pression ou les grosses attentes. Les mauvaises pensées ne partaient jamais vraiment, même si elles diminuaient et se faisaient plus discrète. Alexis n'avait plus du tout de pensées dangereuses, mais il avait encore des idées noires parfois.

- Ma tante m'a donc proposé d'aller faire un test QI, pour que je puisse constater par moi-même si j'étais intelligent ou non. Il m'a fallu beaucoup de temps pour me préparer à cette évaluation, car cela allait déterminer beaucoup de chose pour moi, et j'avais peur de ce que ça allait donner. Est-ce que je serais capable de supporter un échec ? Pour m'aider, mes cousines et ma tante sont passées en première, et quand j'ai vu que leur résultat n'avait pas beaucoup d'importance pour elles, qu'elles en riaient et que ça ne changeait rien, ça m'a un peu rassuré et je me suis lancé. Quand j'ai vu mes résultats, ça m'a fait un choc. Ils étaient bons. Dans la moyenne supérieure. Effectivement, je ne suis pas un surdoué, ni un génie, et sans doute que si mon père, mon frère et ma sœur faisait un test QI, leurs résultats seraient plus élevés. Mais j'étais loin d'être idiot. Ca a été un tel soulagement, mais j'ai aussi ressenti ... Je n'ai pas pu le nommer tout de suite, mais j'ai repensé à mon enfance, tout ce que j'avais enduré, tous ces efforts que j'avais fait, toutes ces larmes, ces angoisses et tout ça pour quoi ? Je n'étais pas défectueux. Je m'étais acharné à donner le meilleur de moi pour réussir quelque chose qui était absurde et arbitraire. Jusqu'ici, je m'étais toujours senti coupable de ne pas être à la hauteur. C'était de ma faute si je n'étais pas assez intelligent, c'était de ma faute si mes efforts ne payaient pas, c'était de ma faute si j'avais été trop faible et que j'avais fini par ne plus le supporter. Pour moi, la méthode de ma famille avait toujours été la bonne, leur réaction avait toujours été logique, et je ne l'avais jamais remis en question. C'était moi le problème, pas eux. Jamais je n'avais pensé à moi comme une victime. je n'avais jamais osé pensé que tout ceci était parfaitement injuste.

Ca avait été le deuxième tournant majeur de sa vie après le jour où son coeur s'était brisé une fois. En voyant les résultats, il s'était brisé de nouveau, d'une certaine façon, car cela avait tout remis en question et il s'était rendu compte qu'il avait subi tout ça pour rien, car son intelligence n'avait aucun problème. Il était aussi capable qu'un autre de vivre une belle vie, d'avoir des rêves et de les réaliser. Comment avait-il pu croire que c'était impossible pour lui d'avoir tout ça ?  

- Les jours qui ont suivi, je me suis senti irritable. J'étais un peu insolent avec ma nouvelle famille, je répondais, je m'isolais. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait, mais j'avais ce sentiment qui enflait dans ma poitrine et sur lequel je n'arrivais pas à mettre de mot. Finalement, ma tante est venue pour avoir une discussion avec moi, en me disant que c'était normal que je sois en colère, et c'est là que j'ai compris qu'effectivement, c'était ça, j'étais en colère. Pas contre ma tente, mon oncle, ou mes cousines, mais contre mes parents. Je ne m'étais jamais autorisé à ressentir de la colère jusqu'ici. Ou peut-être qu'elle avait toujours été là, mais qu'elle avait été étouffée par tout le reste, bien trop présents dans ma vie. Honnêtement, être en colère, ce n'est pas agréable. J'avais l'impression d'être une horrible personne. Mais cela m'a permis de me libérer, d'une certaine façon. J'ai enfin pu crier. J'ai enfin pu sortir tout ce que j'avais à sortir depuis des années et des années. On m'avait fait me sentir minable, et c'était injuste. On m'avait cassé au nom de la perfection, et je leur en voulais. J'étais aussi en colère contre moi d'une certaine manière, parce que je m'étais persuadé que je valais moins que les autres. Je m'étais fait tant de mal. Je me suis alors juré que plus jamais je ne me détesterais. Plus jamais je ne laissais quiconque me persuader que je n'étais capable de rien. J'avais envie d'aller affronter mes parents, de leur dire à quel point tout était de leur faute. Mais ma tante m'a arrêté. Elle m'a pris dans les bras et elle m'a dit : << Un jour, tu les affronteras. Cependant, quand tu le feras, je veux que ce soit avec le coeur apaisé, car alors, tu en sortiras victorieux, quoi qu'il se passe. >> Et j'ai compris, qu'elle ne parlait pas de pardon, ni même forcément de compassion, mais plutôt d'attendre que je sois pleinement fier de moi et de mes accomplissement. Cela m'a beaucoup touché, et je me suis senti bien mieux après ça. Je crois que c'est plus ou moins à ce moment-là que j'ai commencé à songer à mon identité, et à mon avenir. Je pouvais enfin avancer dans la vie.

Il avait fini de parler de sa reconstruction, même si, bien sur, elle n'était pas finie. Encore aujourd'hui, il y avait des choses pour laquelle il devait se battre. Maintenant, il allait pouvoir parler de l'avenir, ce serait un moment plus reposant sans doute. Il était un peu moins nerveux. Le plus dur était passé, il pouvait achever son récit avec sérénité.

(suite et fin au prochain message du coup ^^)

Jared et sa mère écoutait encore le récit , la mère devait prendre un peu de temps pour assimiler le tout. Mais elle était attentive, préférait hocher la tête de temps à autres. Tandis que Jared écoutait, l’air absent de temps à autres pour réfléchir à ce que son petit ami lui décrivait


Les périodes d’Alexis était très difficile. C’était incroyable qu’il soit arrivé à passer au dessus de toute cette adversité. Il avait hâte d’en savoir la conclusion. Il comprenait mieux le problème d’expression des sentiments d’Alexis et chérissait encore plus les moments attachants ou Alexis osait le faire

Alexis arrivait à la dernière étape de son histoire. Il était déjà plutôt content d'avoir réussi à arriver jusque-là. Comme il s'adressait à la maman et à Jared, il n'était pas encore trop stressé. Ca aurait surement été un peu plus difficile. Il reprit donc son récit.

- C'est seulement vers la fin de mon adolescence que j'ai pu commencer à me demander qui j'étais exactement. Jusqu'ici, je n'avais pas vraiment d'identité, mais maintenant il allait falloir que je trouve ma voie. Je me suis beaucoup cherché, j'ai été voir beaucoup d'écoles différentes pour voir les domaines qui m'intéressaient. Finalement, je me suis tourné vers les sciences du soin. Peut-être parce qu'inconsciemment, j'ai choisi un domaine un peu opposé à celui de ma famille. Eux travaillent avec la mort, j'allais travailler avec la vie. Je ne sais pas trop ce que je ressens pour eux, même aujourd'hui. En tout cas, mon coeur n'est toujours pas apaisé, ça c'est sûr. Des fois j'aimerais leur montrer que je vaux mieux que ce qu'ils pensent, mais la plupart du temps, je ne suis pas très sûr de pouvoir. Je ne sais pas non si je leur pardonnerais un jour. Il y a encore beaucoup de flou à ce niveau-là.

Tout était loin d'être résolu. même si aujourd'hui il était un jeune adulte qui avait réalisé son petit chemin dans la vie, il avait encore beaucoup de problèmes en suspens qu'il lui faudrait régler un jour. Il n'était pas pressé, mais il ne comptait pas fuir non plus. Cela viendrait quand cela viendrait.

- A la base, je me suis dit que j'allais me lancer dans la médecine, mais je ne me sentais pas prêt à me jeter dans des études avec autant de pression, de compétition et de stress. J'avais l'impression que c'est dans ce genre d'ambiance que j'aurais dû vivre si j'avais choisi la médecine, et cela, c'était hors de question. Plus jamais je ne veux me retrouver dans ce genre d'atmosphère. Du coup, j'ai trouvé un bon compromis en choisissant des études vétérinaire. Je sauve quand même des vies, même si ce sont des vies animales. Et les animaux sont plus facile à gérer que les autres humains. Ils ne peuvent pas être hypocrites, ou intentionnellement cruel. Et puis, j'aime voir le sourire des gens quand leur animal va mieux. C'est un peu comme si je prenais soin de leur trésor. Je pense honnêtement que j'ai trouvé ma place et que je suis au bon endroit. J'aime beaucoup ce que je fais.

Il avait sans doute des petits regrets. Peut-être que s'il n'avait jamais eu cette petite voix dans sa tête qui lui donnait aujourd'hui encore l'impression d'être un peu incompétent, peut-être que s'il n'avait pas vécu ce qu'il avait vécu, il se serait lancé dans la médecine, et qu'il aurait eu un avenir encore plus brillant. Il aurait amé faire de la recherche par exemple. Mais il ne servait à rien de s'appesantir sur des choses qui ne pourraient jamais arriver. Alexis avait appris à se contenter de ce qu'il arrivait à avoir. Ca ne l'empêchait de faire des efforts bien sûr, et de toujours faire de son mieux. Seulement, il ne se rendait plus malade.

- Mais si je pense à ce que je voudrais vraiment accomplir dans les prochaines années, je pense que la réponse la plus honnête c'est que j'aimerais pouvoir un jour me sentir apaisé. Etre heureux sans arrière-pensée. Pouvoir profiter des petites choses de la vie sans me sentir stressé ou coupable. Rester avec la personne qui a rendu ma vie plus belle en réussissant à m'aimer. Ca n'a l'air de rien mais c'est vraiment très précieux pour moi. Il y a quelques années, si on m'avait dit qu'un jour quelqu'un m'aimerait pour moi et me trouverait chouette, je ne l'aurais surement pas cru. J'ai encore du mal à le croire parfois. Et surtout, j'aimerais .. j'aimerais pouvoir dire un jour que je suis fier de la personne que je suis devenu. Me sentir fier. Je ne sais pas si j'y arriverais un jour, mais j'aimerais bien.  

Il était de nouveau un peu ému en en parlant. Il avait fini son histoire, avait presque répondu à tout. Il ne restait plus qu'une chose, la plus importante sans doute. Jared.

- Je suis conscient que je ne suis surement pas le meilleur parti pour Jared, en dehors de mon sexe je veux dire. J'ai eu un parcours compliqué qui m'a laissé des cicatrices, et j'ai encore beaucoup de difficultés à surmonter encore aujourd'hui. Je ne suis pas un prodige, un génie ou même un surdoué. Je manque d'ambition et je peux parfois avoir des phases d'angoisse ou de déprime. Je ne pense pas être la personne la plus simple à aimer. Mais ... mais depuis que je suis tout petit, je fais toujours de mon mieux. Je travaille dur. Je ne prends jamais rien pour acquis. Si vous me confiez Jared, je promets que je ferais toujours de mon mieux dans notre relation. Je ferais tout mon possible pour qu'il soit toujours heureux. Notre relation en est encore à ses débuts alors je ne veux pas me projeter trop vite mais je peux au moins vous promettre ça.

Il espérait que ce serait suffisant. Il attendit le verdict, le coeur battant. C'était la première fois qu'il se livrait autant, il espérait ne pas les avoir effrayé. Il était un peu inquiet, et il espérait qu'il ne serait pas rejeté. Il se tordit un peu les mains, nerveux.

Jared était très fier de son petit ami. Partager un si grand problème devant deux personnes s’avérait si difficile. Alors quand il trouva que prendre la parole était enfin justifié, il se leva pour l’approcher et passer sa main sur son épaule pour réconforter le jeune homme. Personne ne le jugeait alors qu’il avait fait un tel acte de bravoure

- Merci d’avoir partagé ces choses avec nous. C’est énorme et c’est si important pour moi que tu puisses te sentir assez à l’aise avec nous

La mère de Jared hocha la tête «  Oui. Même si une partie de cette maison te rappelle ton passé , sache que la majorité t’ouvre grand les bras.  ». Et même s’il avait eu beaucoup de problème par le passé, elle était sûre que ça irait

- J’espère que vous pourrez apprendre à grandir ensemble et ainsi vivre ensemble. Et si un jour vous vous éloignez que vous resterez des bons amis capable de voir comment vous vous êtes faits grandir

C’est ce que Jared souhaitait en tout cas. Puis la mère s’attarda sur Jared «  Je te le confie . Les humains sont faits de douleurs et cicatrices , ne te concentre pas sur la taille des tiennes. Concentres toi sur comment les cicatriser, comment vivre avec et les accepter  

Puis elle se leva pour passer la main dans les cheveux de son fils «  Jared prendra soin de toi après toutes ces informations.  » puis elle alla manger quelques fruits.

Duncan passa le reste de sa journée de cours à écouter et suivre de son mieux les cours. Durant les petits moments de pause entre deux cours, il faisait des petits dessins dans un cahier. Il essayait vraiment de s'entrainer le plus possible et le plus souvent possible. Finalement, quand la cloche annonçant la fin des cours sonna, il se leva et alla attendre Milo près de la sortie.



Alexis alla poser sa main sur celle de Jared. Il était vraiment ému que lui et sa maman ai accepté toute son histoire aussi facilement. Il n'osa pas être trop démonstratif, même s'il n'aurait pas dit non à un câlin. En tout cas, il avait assez parlé pour toute une vie. Enfin non, il devait continuer de faire cet effort, surtout pour parler avec Jared, mais en tout cas ca l'avait un peu fatigué. Alexis comptait bien se reposer pendant quelques jours.

- Merci beaucoup à vous deux, je sais que vous m'acceptez, et j'en suis vraiment heureux. Mais si possible j'aimerais que ça ne change pas trop la vision que vous aviez de moi.

Il ne voulait pas forcément être pris en pitié par exemple. Quant à l'avenir, Alexis ne voulait pas envisager un avenir sans Jared. Il ne comptait pas se séparer, mais c'est vrai qu'on ne pouvait pas prévoir ce qui pouvait se passer. Cette éventualité l'inquiétait quand même un peu, mais il ferait de son mieux pour que cela se passe bien. ils prendraient soin l'un de l'autre. il sourit donc à la maman en hochant la tête. Il ne comptait pas arrêter de se guérir petit à petit. Après tout ça, il avait un peu faim alors il mangea un peu de fruit aussi.

Jared secoua la tête négativement. Ça ne risquait pas de changer leurs avis sur son petit ami. En tout cas pour le sien, ça serait sur . Il comptait rester le plus longtemps possible avec Alexis. Sa mère sourit à Alexis

- Non, on fera attention tout simplement a comment nous nous comportons précisa la mère

Puis Jared regarda l’heure , il était peut-être l’heure d’évacuer les lieux. Puis il voulait que son petit ami puisse se reposer après une journée aussi intense en émotions

- Maman, je te pique des livres de poèmes. Je te dis à la prochaine fois

La mère hocha la tête affirmativement «  A la prochaine fois au concert les garçons  »

Duncan passa le reste de sa journée de cours à écouter et suivre de son mieux les cours. Durant les petits moments de pause entre deux cours, il faisait des petits dessins dans un cahier. Il essayait vraiment de s'entrainer le plus possible et le plus souvent possible. Finalement, quand la cloche annonçant la fin des cours sonna, il se leva et alla attendre Milo près de la sortie. Il espérait que tout allait bien pour lui.



Alexis était soulagé de constater que cela ne changerait rien, ou en tout cas, pas grand-chose. En tout cas, il était content d'avoir pu raconter tout ça. Il était heureux d'avoir réussi, surtout. Mais cela l'avait effectivement fatigué, alors il fut soulagé que la visite se termine. Il appréciait beaucoup a maman mais être un peu tranquille avec Jared serait vraiment top. Il sourit donc à la maman.

- Oui, à la prochaine fois. Merci pour les fruits et les cookies.

Une fois sorti, il alla serrer son petit ami contre lui : << Merci pour ta compréhension et ta bienveillance >> Il lui était très reconnaissant. Il n'oubliait pas qu'il fallait qu'il envoie un message à Keith aussi.

Milo était devenu moins imposant en la présence de Duncan. Il faisait parti des terreurs, poussant certaines personnes, se moquant ouvertement. Étrangement, il s’était trouvé une petit paix ces derniers temps. Sans parler du fait que l’assistant sociale depuis qu’il avait son fils à la maisons l’embêtait beaucoup moins

Milo travailla donc et réussir n’était pas une option. Finalement son cours se termina rapidement «  Milo, t’as plus aucune drogue à refourguer ?  ». Milo secoua la tête négativement. Même ça , il l’avait arrêté.

Il s’assit sur les escaliers du lycée discuta avec quelques amis puis prit des nouvelles de la nounou et d’Hugo. Il reçu même un message de sa mère qui lui demandait encore des nouvelles d’Hugo … mais bon elle ne viendrait sûrement pas le voir.

Milo finit par remarquer Duncan puis lui fit signe





Jared alla en direction de sa voiture. Une petite fille de journée chez lui ne ferait pas de mal. Ainsi Alexis pourrait se reposer… ou il pouvait passer voir Keith. Non? Il était sur la fin de ses révisions, non ?

- Tu veux rentrer à la maison et que je te fasse un chocolat ? Ou tu veux aller dans un café ?

Lui demanda t-il alors en s’attachant avec un petit air qui semblait vouloir encourager

Duncan était un peu moins effacé quant à lui. Il était toujours un peu timide, mais il parlait un peu plus à ses voisins de banc, et il se cachait moins. Il posait plus de questions en cours, il voulait vraiment faire de son mieux pour réussir son année. Il repéra Milo qui lui faisait signe, et il alla à sa rencontre, même s'il était entouré de certains de ses amis. Il prit son courage à deux mains.

- Bon...bonjour.



Alexis s'attacha lui aussi. Il ne savait pas trop ce dont il avait envie ou ce dont il avait besoin. Il réfléchit, puis finalement il sourit à Jared.

- On pourrait aller dans un café. On a encore un peu de temps, profitons-en.

Et il pouvait envoyer un message à Keith pour lui proposer de venir.

Jared pensait à un café pour pouvoir permettre à Alexis de se relaxer mais aussi de parler de toute cette situation à tête tranquille sans la pression de son père. Ou ne pas en parler… il ne savait pas mais Keith serait le meilleur pour faire rire Alexis.

Il demanda alors à Keith s’il était disponible. Visiblement , il était en train de faire les magasins.

- On va récupérer Keith en route. Il est en train de faire les magasins

Jared avança jusqu’à un magasin. Keith approcha en réalisant de grands gestes malgré ses sacs de courses «  Alors les amoureux, ça dit quoi ? Vous voulez manger un bout chez moi ?  »

Jared réfléchit un instant «  Comme tu le sens. Tu faisais quoi toi ?  ». Il montra ses sacs puis l’intérieur

- Je prépare un panier surprise pour Sacha et la petite princesse. Tout est rose pour elle et tout est blanc pour lui. C’était un enfer de trouver des chips blanches, du chocolat blanc avec un emballage blanc…

Jared sourit alors «  Bon, allons chez toi. Comme ça tu pourras préparer tes paniers en même temps  ». Keith grimpa alors puis indiqua alors à son ami

- Viens avec moi à l’arrière Alexis ! Tu sais comment je deviens quand je suis tout seul

Jared rit un peu , ça ne le dérangeait pas d’être seul à conduire.




Duncan fut observé par les amis de Milo qui le saluèrent respectueusement . Milo allait se lever quand l’un de ses amis les regarda avec un air très surpris «  Vous faites un drôle de duo quand même.  ». Milo haussa les épaules

- On est meilleurs amis. On vas pas être identique. Bon, j’y vais les gars. Duncan, on va essayer les tenues pour le bal chez toi ?

Milo descendu les marches. Il savait qu’un de ses amis, celui qui avait posé la question se doutait un peu qu’il… enfin bref. Mais le choc venait surtout de leurs caractères diamétralement opposé

Milo se tourna vers son ami «  On prends le bus ?  » lui demanda t-il en ralentissant son pas pour qu’il le rattrape. Ça ne serait pas sa première visite dans la maison mais la première en compagnie de son ami. Ça serait intéressant et … il avait hâte … tout simplement de passer du temps avec lui

Duncan était content d'avoir réussi à sociabiliser un peu avec les amis de Milo. Pour lui, saluer les autres et leur dire "bonjour", c'était déjà beaucoup. Il fut un peu gêné d'être autant observé, mais personne n'était hostile alors ce fut plutot supportable. Il n'osa rien répondre aux amis et il se contenta donc de répondre par un hochement de la tête positif à la question de Milo, puis il le suivit en adressant un timide signe de la main au groupe pour dire au revoir. Ouf. Il se sentit mieux une fois qu'il fut éloigné.

Il n'eu pas de mal à rattraper Milo, et il lui adressa un sourire. Lui aussi était content de passer du temps avec lui. Le jeune garçon se dirigea donc vers l'arrêt de bus.

- Est-ce tu pense qu'on est "drôle" ?



Alexis était prêt à en parler, si Jared était prêt à en parler. C'était son père avant tout. C'est vrai que la situation ne lui plaisait pas à lui non plus, cela lui rappelait de mauvais souvenir, mais ca devait être pour lui que c'était le plus dur. C'est lui qui devrait être diverti et consolé. Il alla donc lui prendre la main, en espérant que cela lui apporterait un peu de réconfort.

- C'est une bonne idée. Keith sera ravi de nous revoir, et nous aussi.

Ils allèrent donc à sa rencontre. Ouah, il était motivé avec ses surprises. Pourquoi se restreindre comme cela à une seule couleur par personne ? Ca avait du effectivement être très compliqué de dénicher tout ça.

- Sacha et la princesse ont de la chance de t'avoir. Ils vont adorés. On peut te donner un coup de main pour les paniers, si tu veux.

Lui aussi devrait préparer une surprise pour Jared dans les prochains jours, pour le remercier pour tout. Il voulait continuer leur petit cercle vertueux. Il sourit à la plaisanterie de Keith, et il alla donc derrière après avoir donné un baiser sur la joue à Jared.

- Et toi alors, quoi de neuf avec ton pompier ?

Keith ne refuserait pas d’aide pour la confection de ses paniers. Puis ça pourrait être divertissant de réaliser des paniers à 3.

- Je vais pas refuser d’être en compagnie des deux merveilleux blondinet

Keith s’approcha donc de son ami quand il arriva enfin auprès de lui. Keith s’affala un peu sur lui pour aller lui murmurer à l’oreille «  Et toi et notre Jared ? Tu as l’air d’avoir la peau plus douce. Ne me dis pas que tu aurais passé le pas sans rien me dire  ». L’infirmier passa ensuite sa main dans ses cheveux roux avec un petit sourire transit

- On se porte à merveille nous deux. Voir trois, Princesse veut qu’on se mari le plus vite possible.

Jared entendu cela et rit légèrement . Keith presque marié, ça promettait. Mais il n’hésita pas néanmoins à poser une question «  Quand est-ce qu’on le voit en chair et en os ?  »

Keith semblait hésiter «  Je ne sais pas ça pourrait être ce soir, dans deux semaines. Ça dépend de son planning. Il doit venir à l’appart pour récupérer sa surprise s’il a le temps. Donc peut-être ce soir ?  »

- Mais je préfère ne pas me faire de fausses idées. On a des plannings chargés




Milo ne s’attendait pas à cette question. Mais après avoir entendu cette remarque , il comprenait sa curiosité. Il se gratta la nuque puis observa un instant son meilleur ami «  Je suis violent, tu es gentil. On est pas le duo le plus ressemblant du monde ».

Milo n’avait pas eut le parcours le plus honorable. Certes, un très bon élève mais il avait passé ses nerfs sur des élèves de temps à autres … dont Duncan.

- Ça doit leur faire bizarre qu’on soit passé de je t’ennuie en cours a je suis ton meilleur ami qui te donne des cours

Puis il monta dans le bus quand il arriva, il fit le choix de rester debout avec Duncan «  mais bon … je préfère que ça ait évolué dans le bon sens du terme  »

Duncan n'était pas forcément d'accord. Milo n'était pas violent. Il pouvait être agressif, mais pas violent. Il n'était pas comme son papa. C'est vrai qu'il avait ennuyé certaines élèves, mais quand on était malheureux, on faisait parfois ça. Soit on se mettait en colère, soit on était triste, et parfois on passait de l'un à l'autre.

- Tu es plus gentil que tu le pense. Tu n'étais pas aussi méchant que tu le crois. Mis moi aussi je suis content que nous soyons devenus amis. Et d'être maintenant ton meilleur ami ... je ne pensais pas qu'un jour, je pourrais en être un, ou en voir un. Alors je suis vraiment chanceux.

Il lui sourit alors et lui prit la main, attendant que le bus s'approche de l'arrêt non loin de l'appartement où il habitait avec Blaise (et maintenant Ludmil).



Alexis était très content de revoir Keith, ce dernier était très souvent d'une bonne humeur communicative. Cela commençait même doucement à faire son effet sur lui aussi.

- Et nous on ne refuserait jamais la compagne de notre rouquin préféré !

Il laissa son ami (et surement meilleur ami) être tactile avec lui. A une époque cela l'aurait peut-être gêné, mais il n'était plus un adolescent. Par contre, il ne pu s'empêcher de rougir aux insinuations de Keith. Comment avait-il pu le deviner si facilement ? C'était gênant.

- Quel est le rapport entre ça et la peau douce ? répondit-il en murmurant également.

C'était une vrai question. Il écouta ensuite la suite. Effectivement, cela avait l'air de très bien se passer, pour que la petite parle déjà mariage : << Et vous l'envisagez ? >> Autant lui poser la question directement. Et puis il devait avouer que lui aussi était curieux de le rencontrer, ce fameux Sacha. Il l'avait déjà vu en photo, mais ce n'était pas pareil.

- C'est vrai que vous avez tous les deux des métiers très prenants. Une fois de plus, je suis content d'avoir choisi vétérinaire. Mais je suis sûr que vous arriverez à trouver votre rythme malgré tout.

Keith laissa un sourire habiller ses lèvres quand son ami lui posa la question du comment. Oh, c’était donc vrai ! Ils continuèrent donc à voix basse pour ne pas se faire entendre par le chauffeur.

- Je ne sais pas sûrement les hormones du plaisir plaisanta t-il en lui souriant avec un air coquin

Keith de son côté au possible mariage, il sentit son esprit s’échauffer. Un mariage ? Il s’imagina Sacha en train de porter un smoking et il sourit de manière béate «  C’est un peu tôt. On ne peut pas oublier les étapes cruciales. Il faut que je puisse aider financièrement, et surtout être un bon beau-père.  »

Jared s’arrêta à un feu rouge puis Keith regarda son téléphone portable . C’est vrai qu’ils avaient des plannings prenants «  Mais je le vois en uniforme à l’hôpital et on peut parfois se faire un petit bisous. Mais je dois avouer que parfois c’est un peu dur … mais on s’envoie des textos et des photos  »

Jared redémarra puis s’arrêta devant l’appartement de son ami. Il laissa les meilleurs amis descendre puis le rouquin leur ouvrit. Son appartement était incroyablement propre. Keith était un punk mais sa décoration était une belle décoration suédoise très minimaliste. Il posa ses courses sur le canapé à côté de ses paniers

- Vous voulez un truc a boire ?




Milo trouvait toujours les mots de Duncan réconfortant. Mais il était en effet heureux d’avoir changé … quand Duncan lui prit la main, il sentit sa main brûler à son contact. Ses joues aussi mais il détourna le regard

- Tu le mérites. Je suis heureux d’être le tien. Tu mérites sûrement mieux mais je suis là et je ne te lâcherai pas

Milo lui caressait la main du pouce tout en observant le monde extérieur «  Si … on ne réussit pas à s’en aller tout les deux. S’en aller de cette ville. Tout les trois … je chercherais une université à une ou deux heures d’ici.  »

Milo ferma les yeux , puis il regarda la ville «  Je te suivrai n’importe où on t’emmènera. Je peux être accepté n’importe où. Et quand tu seras libre, il y a une ville où tu veux habiter ?  »

Duncan fut très ému par les mots de Milo. Il avait le don de lui donner courage. Et avoir qu'ilvoulit rester pour toujours avec lui .... et l'entendre lui dire qu'il le suivrait partout, même si on l'emmenait loin. Il fait envie d'y croire. Il avait envie de croire qu'il le méritait. Il sentit qu'il avait les larmes aux yeux. Comme aucun mot ne serait assez fort, il le prit dans ses bras et le serra doucement contre lui.

- Merci, merci. Peu importe l'endroit ou la ville, du moment que je suis avec toi et Hugo. Tu es tout ce dont j'ai besoin.

Et il le pensait vraiment. Peut-être qu'il ne serait jamais libéré, mais il se sentit tous les jours un peu plus libre avec Milo à son coté. Ce n'était peut-être qu'une impression, et peut-être que ce ne serait toujours que ça, mais c'était déjà énorme.



Alexis rougit de nouveau et le poussa gentiment sur le coté quand il la taquina un peu. Comme si ça pouvait vraiment être ça. Mais cela le fit sourire quand même. Peut-être que c'était le genre de chose qui se remarquait, tout simplement. Il préféra néanmoins dévier la conversation vers Keith et Sacha. Il vit l'air si amoureux, c'était trop mignon.

- Pour ce qui est d'être un bon beau-père, je pense que c'est plutot réussi. Si elle veut que vous vous mariez, c'est qu'elle t'adore.

Mais il était d'accord pour dire que c'était surement un peu tôt. Lui-même n'en était finalement qu'au tout début de sa relation avec Jared. La question du mariage ne se posait même pas encore. Il l'écouta parler de l'uniforme. Ah oui, ce fameux gout pour les uniformes. Cela le fit un peu rire. Il décida de le taquiner aussi un peu.

- Je ne veux pas savoir quelle genre de photos ou de messages vous vous envoyez, merci. Mes oreilles sont trop pures.

Alexis descendit ensuite de la voiture, et il apprécia la décoration de l'appartement de Keith. Simple mais jolie. Au final, elle était assez apaisante, comme leur ami.

- Je veux bien de l'eau ou du jus de fruit.

Keith était un réaliste dans l’âme sûrement comme son meilleur ami. Il vivait l’une des meilleures relations qu’il avait connu mais il préférait ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Et le mariage… il n’y avait jamais pensé au delà d’une jolie cérémonie mais ça devait être bien plus que cela financièrement et sur le plan social. Keith finir par penser aux textos et photos et rit

- Tu fais bien de conserver tes yeux. Mais la plupart du temps, on s’envoie juste des trucs stupides qui nous font rire.

A vrai dire, il préférait les appels vidéos et vidéos que les photos pour les choses les plus adultes. Ça évitait les traces et il aimait les ranger dans son petit album dans son portable.

- Du jus aussi

Keith leur servit aussi quelques accompagnements «  Sinon vous ? Vous allez mieux depuis tout ça  ». Jared haussa les épaules

- Mon père ne parle pas mais ma mère est top. Un peu chiant quand même ça … c’est juste lourd de savoir que.. ça . Enfin bref. Je commence à m’y habituer mais ça fatigue quand même de savoir que c’est du genre deux pour le prix d’un. Il est horrible avec moi donc horrible avec Alexis

Keith vida les sacs puis réfléchit alors «  Mes parents sont homophobes alors je comprends. Mais ils ont jamais eu une grande importance dans ma vie. Alors le seul conseil que je peux vous donner c’est de pas vous concentrer sur ça où il aura gagné. Sincèrement, mon ex se concentrait pas mal dessus. Et sur d’autres trucs évidemment… et ça a super mal terminé  »

Jared le regarda, Keith avait raison. Puis il se massa un peu la tempe et Keith continua «  Écoutez votre roux préféré. C’est pas l’aval de vos parents qui feront votre bonheur. Là, vous vous concentrez sur un point qui pourra changer avec le temps. Restez concentré sur vous . Bon maintenant voilà le panier de Sacha. On reste sur un panier sobre et épuré  »






Milo ne s’attendait pas à cette enlacade mais il l’aurait réalisé lui aussi si Duncan ne l’avait pas initié. Il passa sa main dans son dos. Un peu comme Duncan l’avait fait avec lui quand il avait pleuré lui aussi.

- On trouvera un moyen de toujours savoir où tu es. On va devoir y réfléchir en cas de problèmes.

Milo sur le reste du trajet le garda contre lui , passant doucement ses doigts dans son dos. Rien de lubrique, juste une petite caresse pour le rassurer et l’empêcher de pleurer. Une fois arrivé , il alla lui prendre la main et descendu de l’arrêt

- tu veux qu’on porte une couleur en particulier pour le bal. Autre chose que du bleu ou du bleu ?

Il aimait le jaune, le vert, le bleu, le noir . A vrai dire, il n’était pas difficile

Duncan n'avait pas pu s'en empêcher. Et s'il y avait bien quelqu'un avec qui il avait envie de faire des câlins, c'était bien Milo. Et puis, c'était si réconfortant. Il profita donc de l'instant, à l'abri dans les bras de son meilleur ami. Il n'avait pas trop d'idée pour le moment, mais ils trouveraient surement.

- Oui....

Il finit par s'apaiser. En même temps les petites caresses de Milo étaient rassurantes. Il garda leurs mains jointes tout en descendant à l'arrêt. Il se demandait si Blaise serait à la maison ou non. Il réfléchit ensuite aux couleurs qu'ils pourraient porter. Le bleu était une couleur qui leur allait bien à tous les deux, mais c'était une couleur que tout le monde connaissait pour lui.

- Hum... On peut rester dans le bleu mais en se rapprochant du vert, ou du bleu ciel.

Le jaune et le vert risquait d'être un peu trop flashi.



Alexis avait un petit coté fleur bleu et romantique, mais oui, il était pas mal réaliste. Il adressa un sourire à la réponse de son ami : << C'est bien aussi de s'envoyer des photos amusantes. Et surtout, mes yeux vous en seront éternellement reconnaissants >>

Alexis le remercia pour le jus et les petits accompagnements. Il n'avait pas très faim mais il grignota quelques morceaux tout de même. Il laissa essentiellement la parole à Jared. Il voulait lui laisser le temps de parler de ces ressentis. A écouter Keith, cela semblait facile, pourtant ça ne l'était pas toujours. En tout cas, lui, il avait beau faire de son mieux pour ne pas leur accorder d'importance, il n'y arrivait pas. Cela restait très souvent dans un petit coin de sa tête. Mais il y avait encore de l'espoir pour la famille de Jared.

- Ce n'est pas si facile de couper les liens familiaux, je trouve. Malgré tout le mal que ta famille peut te faire, cela reste ton père, ta mère, ton frère ou ta soeur. La famille, c'est quelque chose de central pour beaucoup d'enfants, c'est un peu le centre de notre univers. Alors, ce n'est pas si facile de le mettre de coté. De ne ps sentir ce poids. Enfin, désolé, je suis peut-être mélodramatique.

Il se concentra sur les paniers.

- Qu'est ce que tu compte mettre dedans ?

Keith avait déjà tout acheté. Il suffisait de poser les objets blancs dans le panier. Donc chips, boissons, confiseries. Il écouta Alexis qui semblait visiblement bien secoué par l’altercation avec les parents de Jared.

- Mais vous ne changerez pas ses sentiments. Je vous dis pas de couper les ponts mais n’en faites pas votre priorité dans votre couple


Jared supposait qu’il pouvait essayer de moins se centrer dessus. Surtout qu’il savait que c’était aussi une blessure pour son petit ami. Il avait déjà été rejeté. Il alla lui prendre la main pendant qu’il parlait avec Keith

- Je vous avoue que ce n’est pas mon cas. Quand je leur ai fait mon coming out, ils m’ont dit des trucs debiles donc je suis parti voir un ami. Ils étaient pas encore leurs premières débilités .

Jared enviait parfois le côté relaxe de leur ami. Il semblait complètement ok avec tout ce qui se passait autour de lui . Keith se leva pour chercher un ruban . Il voulait en mettre sur le panier de la petite visiblement

- Et ton ex l’a vécu comment ?

Keith commença à faire les noeuds «  Super mal. Ses parents étaient pas ok, les miens non plus. Il s’est concentré sur ça. Il s’est renfermé. On était jeune. Pas dans le milieu le plus doux du monde… il ne savait pas se créer un monde en dehors de ça.  »

Bien Jared devinait donc qu’ils devraient forcément passer outre. Il se gratta la tête puis observa un instant Keith qui se concentrait sur ses rubans, presque à en loucher . Il voulait vraiment que tout soit parfait et ça le fit rire un peu






Milo voulait bien de ce bleu/vert. Ça lui paraissait être une bonne idée, en tout cas s’ils arrivaient à trouver cette couleur. Il decida de se laisser guider par son ami

- ça te dirait de regarder les étoiles après le bal de promo ?

Milo ne pensait pas l’avoir déjà invité à participer à l’une de ses passions … et comme son ami l’avait fait. C’était important pour lui alors .. il observa Duncan un court instant pour voir si l’idée lui plaisait

- J’ai l’endroit parfait. On ira en voiture. J’ai un ami qui peut m’en passer une


De son côté Ludmil était bien chez lui. Il envoyait des messages a un ami qui se trouvait être un kleptomane de renom qui était pour une fois dans sa ville. Il prévoyait donc son fameux atelier peinture avec ses amis. Bien sur , il ne pourrait par voir son incroyable tableau mais bon … il avait créé un petit groupe. Certains pourraient peindre, les autres pourraient boire ou assister leurs compagnons. Bref Mirza, Yut Lung ( qui allait sûrement pousser Diego à venir) , Iza. Il aurait bien invité Parker mais il refuserait sûrement qu’on lui envoie un jet pour un voyage d’un jour. Et Blaise bien évidemment