Junjou romantica T.3

La main de Sonnen repassa dans ses cheveux justes après qu’Adonis y ait touché, avec un air un peu gêné. Il ne l’était pas autant quand c’était lui qui initiait. « Je n’ai pas envie de passer pour un menteur. Je ne suis pas comme ça. Il y a juste des choses que j’ai pas forcément envie d’aborder. »
Sonnen fit l’ignorant « Je ne vois pas de quoi vous parlez. », et lui tira la langue de façon pas très mature, avant de presser le pas pour passer devant lui et clore symboliquement la conversation. Ils échangeaient sur leurs gouts en matière de musique mais ce moment fut interrompu.

L’élève chuchotait pour communiquer. D'un air mystérieux, il dit : « Je ne sais pas … Vous pensez qu’on fait quelque chose de mal ? » Il aurait pu être du retenir son début de sourire en coin. Puis il montra du doigt son ruban.

- Vous portez toujours ça. Les rumeurs c’est un vrai fléau. Et puis ce sont des amies de Yuki. Je pense que maintenant elles me détestent, qui sait ce qu’elles pourraient raconter.

Il se décida enfin à lâcher son bras et à reculer d’un pas. Sonnen s’assura que la voie était libre, et il vit les filles sortir du magasin. « R.A.S. Elles sont parties. Allons-y »



- Plus simple c’est bien aussi, dit-il plus timidement.

Shirotani ne pouvait pas se plaindre. Il n’était pas le plus riche mais sa situation était confortable. Et il en était plus qu’heureux vu sa situation « Non, pas à ce point-là » dit-il en riant. « C’est gentil de la part de votre voisine de vous nourrir. Je ne veux pas lui donner plus de travail.»

Il réfléchit quelques minutes à la musique qui pourrait s’adapter à la situation.

- L’instrumentale de Once Upon a Time dans la Belle au bois dormant.

Petit, il regardait énormément de films d’animation, et ça l’avait marqué. La musique était belle, douce et parfaite pour une valse.

Quand ils arrivèrent à la supérette, il eut le réflexe de balayer rapidement les rayons du regard pour trouver les cibles. Il serait plus rapide de cette façon.  

- Oh, non, mon patron est très gentil et compréhensif avec moi. Je m’y sens assez bien. Au fait, quand suis-je censé valser ? Faisons ça tant que personne n’est là.

Adonis voyait bien qu’il était gêné. Il ne l’embêterait pas plus que cela, quand il clôtura la conversation en lui tirant la langue, il sourit suivant ses pas. Puis beaucoup de choses se passèrent en peu de temps . Finalement , ils furent caché.

- Je ne pense pas , nous nous sommes croisés par hasard.

Adonis devait avouer que son petit noeud lui jouait des tours. Mais il préférait rester avec. Pour ce qui était des filles, elle devait avoir une dent contre lui «  Je dois vous avouer qu’elles ne sont pas très satisfaites. Lors du dernier cours d’anglais, une bataille de regards se lançait dans votre direction  »

Puis le professeur se dirigea de nouveau vers la caisse. Il paya donc, puis sortit de la librairie . Maintenant qu’il avait son CD, peut-être qu’il pourrait rejoindre Taiji pour l’écouter avec lui


- Alors si je peux vous poser une question. Que désirez vous réaliser après le lycée ?











Zentsu la chercha sur son portable. Cette musique lui paraissait tout à fait convenable. Il chercha un petit coin calme puis posa son téléphone sur une étagère “ Monsieur Shirotani. J’ai une idée, dansons à quelques pas de distances comme cela , vous n’aurez pas l’air d’un fou à danser seul. ”

- Une deux trois … ou plutôt une deux .

Zentsu commença à danser. C’était assez drôle de danser en plein milieu d’une supérette. Même si c’était son idée, ça ne restait pas moins farfelu. En tout cas, il se demandait comment le jeune homme réagirait quand il connaîtrait la vérité

Parce que les défis étaient bien beau, mais après ces défis , il n’allait pas lui mentir. Zentsu se concentra sur la mélodie. Bien sûr , il y eut une personne qui les observa puis s’éloigna. Zentsu récupéra son téléphone à la fin de tout cela

- Je suis jaloux de vos pas de danses. Il faudra m’apprendre tout cela.

Sonnen regarda le dos d'Adonis tandis qu'il s'éloignait vers la caisse. Avait-il décelé une pointe de peur quand son professeur lui avait demandé s’ils faisaient quelques choses de mal ? Il espérait que ça ne jettera pas un froid entre eux. Son téléphone vibra dans sa poche, il regarda brièvement. "Il faut que je rentre". Avec tout ça, la nuit avait déjà commencé à tomber. Pas qu'il était très tard, mais les journées étaient courtes. Un peu de neige fondante se mit à tomber. Il frissonna quand une brise fraiche se leva et ferma davantage sa veste.

- Ça leur passera. Je ne m'en préoccupe pas. Je ne peux pas sortir avec quelqu’un juste parce qu’on me l’a demandé. Elles sont bêtes.

C’était assez méchant de sa part mais il pouvait parfois se montrer comme ça. « Bref. » Il sourit et haussa les épaules. Mais il lui devait encore la fameuse question. Il prit quelques minutes pour y réfléchir.

- Quelque chose en rapport avec l’art, peut-être … Je ne sais pas trop.

Il souleva un pan de sa veste en lui faisant un petit geste de la main « Je vais y aller ». A peine 5 minutes dehors et elles gelaient déjà. Il disait ça mais il resta planté quelques secondes sans rien dire. Puis il se réveilla de sa torpeur.

- A demain. Peut-être. Dit-il de façon peut audible.

Puis il se détourna.



Shirotani était un terrible danseur. Il bougeait de façon robotique, mais bon, le lieu ne le poussait pas non plus à dévoiler de meilleures capacités. Il se concentra sur la musique, puis sur le rythme de Zentsu quand il le suivit dans sa danse. Grâce à cela il pu bouger un peu plus fluidement.

- Vous êtes très gentil avec moi mais vous pouvez être honnête, dit-il en rigolant. Avouez-le, c’était terrible.

Ils parcoururent les rayons plus calmement, Shirotani s’était changé les idées. Et puis, il était curieux. « En quoi consiste le deuxième défi ? »

Il faillit percuter quelqu’un en ne regardant pas devant lui, et il l’évita d’un mouvement si grotesque qu’il en aurait bien rit lui-même s’il n’était pas en train d’hyperventiler, adossé un rayon chips. Il assura a Zentsu que ça allait.

- Désolé. Ça m’a surpris.

La personne qu’il avait évitée, la même qui les avait vu danser, devait maintenant les étiqueter officiellement comme fous. « Prenons ce dont nous avons besoin et allons au parc » Il avait besoin d’air.

Adonis savait que les problèmes de cœur de lycéen ne durait pas longtemps. Sauf si la fille était très populaire. Est-ce que Yuki était populaire ? Il n’en savait trop rien. Mais la façon de penser du jeune était la bonne

- Ne pas céder à la pression sociale, c’est louable

Adonis le voyait bien dans le milieu. Les écoles d’arts cependant étaient rarement bien vu par les parents japonais qui préféraient les métiers un peu plus classiques

- Vos parents sont d’accord ?

Adonis le salua ensuite d’un geste de la main avant de se diriger vers la maison de son ami.









- Non, ce n’était pas mauvais. Mais s’il y a une attaque de robot dans les prochaines années … vos pas de danses pourraient servir de traités de paix et de communications avec nos amis les grilles pains

Dit Zentsu en imitant un pas de robot pendant un court instant. Bien sûr, il n’hésita pas à réaliser un petit son d’androïde dernier cri pour accompagner ces pas de danses. Quoi ? Il ne pouvait pas s’en empêcher

- Le deuxième ? Mais c’est que vous êtes curieux ma parole. Votre second défi est donc de me proposer un lieu pour notre prochaine réunion. Évidemment, nous devrions essayer d’éviter les supérettes avant que les robots viennent espionner nos supers mouvements

Le pauvre client retomba sur eux. Le pauvre devait les prendre pour des fous furieux. C’est clair qu’un homme en bandage et une écharpe sur pied … c’était déjà pas commun mais là, ça devait être le pompon.

- Ça vous a surpris ? Je pensais que vous vouliez juste vous fondre les chips comme vous êtes tout aussi craquant

Il rit à sa propre blague et phrase de drague, très fier d’avoir trouvé celle là. Il se permit même de répéter «  Vous comprenez .. craquant ahahahah  » en essuyant une larme qui coulait

Puis il paya tout en regardant le pauvre client qui évitait leur regard

- Mes parents ... En fait, plutôt ma mère, je vis seul avec elle. Ce n'est pas vraiment dans ses préoccupations. Franchement, elle ne se préoccupe pas de grand chose. Ou pas ce que je voudrais.

Sur ces mots ils se quittèrent. Sa maison était en périphérie de la ville, aussi il devait prendre un bus pour rentrer chez lui. Il devint émotif en regardant par la fenêtre. Il était presque seul. Les bus avaient cet étrange pouvoir, comme les trains. Les pensées se perdaient. Mais il ne voulait pas se morfondre, alors Sonnen sortit son portable et ses écouteurs, chantant sans bruit.

Quand il fut devant chez lui - une maison japonaise de classe moyenne assez traditionnelle - il grimpa à l'arbre qui lui permettait d'atteindre sa chambre. Il en ouvrit brièvement la porte pour lancer un "je suis rentré !", puis s'enferma aussitôt.

Il passa la nuit à se tourner encore et encore dans son lit. Il pensait à Adonis, au festival, à l'école. Beaucoup trop de choses. Le lendemain arriva, et puis le moment de s'apprêter pour partir. Il faisait beaucoup trop froid pour porter un yukata, c'était dommage. Un coup à sa porte le fit sursauter, et une tête passa par l'entrebâillement.

- Regarde. Je viens de finir cette pièce.

Sa mère entra dans sa chambre avec un beau yukata. Elle était couturière et tenait un magasin à Tokyo. "Maman ... On est en hiver".

- Je sais je sais. Mais je voudrais que tu l'essaie. Tu vas sortir comme ça ? Dit-elle d'air un triste et boudeur. Tu sais que je trouve ça horrible. Pourquoi tu n'écoutes pas ta mère ?

Sonnen garda le silence quelques instants puis céda. Il savait que ça ne servait à rien de discuter. "J'ai utilisé mes plus beaux tissus. Regarde comme c'est doux" Dit-elle en prenant fermement sa main pour la passer sur le textile. C'était incroyable. Mais ce n'était pas lui. Il ne serait jamais ce qu'elle voudrait.

- C'est très beau maman.

Elle lui passa le vêtement et lui fit faire quelques pas sur le côté pour l'amener devant le miroir. "Regarde comme ce genre de chose te vas mieux. On pourrait mettre l'autre au feu." Son regard se posa sur les cheveux de Sonnen, ou elle glissa ses doigts. Il eut un mouvement de recul, mais ça ne l'empêcha pas d'utiliser différentes broches pour emprisonner ses mèches rebelles "Pourquoi tu les as coupé ? Ils étaient si beau, j'en prenais tellement soin. Tu était mieux avec tes cheveux longs"

Sur ces mots, elle eut le reflexe de regarder une photo, toujours positionnée sur la table de chevet de Sonnen. Son expression changea quand elle constata qu'elle était couchée de façon à ce qu'on ne la voit pas. Elle la releva aussitôt, en faisant plus de bruit que nécessaire. Il s'agissait de lui et sa mère.

- Cette photo est parfaite.

Elle caressa du bout du doigt la photo. Des souvenirs semblaient lui revenir, et Sonnen comprit qu'il venait de la perdre. Il retira vivement le vêtement et remit ce qu'il avait prévu. Sonnen alla rejoindre ses amis près du temple ou se déroulait l'évènement. Il décida de courir plutôt que de prendre le bus, l'air glacé lui fit un bien fou.

Il sentit un poids dans ses cheveux. Il avait oublié de se débarrasser de la broche. Prit dans l'adrénaline, Sonnen la jeta à terre et l'écrasa sous son pied en s'acharnant plusieurs fois. Il prit quelques minutes pour reprendre son souffle. "Oublie"

L'élève arriva après encore quelques foulée, et rejoignit ses amis. Le groupe était plutôt conséquent, et ils se séparèrent en plusieurs petites unités. On pouvait appeler la sienne "l'unité des casse-cou". La mission du jour : se changer les idées. On pouvait aussi le considérer comme : ne plus avoir les idées claires. Sans oublier son professeur, il regardait parfois autours de lui, son verre en main. Les autres étaient en train de faire les fiers avec les filles, ça ne l'intéressait pas vraiment.



- J'ai l'impression que beaucoup de gens prennent mal vos blagues. Est-ce que j'ai tord ?

Ce n'était bien sur pas son cas. Mais certaines personnes pouvaient penser qu'il ne moquait d'eux avec ce genre de comportement. Est-ce que ça avait un lien avec ses bandages ? S'était-il déjà fait agresser à cause de ça ? Shirotani espérait sincèrement que non. Quelqu'un comme lui, c'était rafraichissant. La vie pouvait se montrer plus que monotone, et ce un peu trop souvent. Surtout pour lui qui passait le plus clair de son temps chez lui.

- Oh, je vois. Alors je vais réfléchir à un lieu pour notre prochaine réunion.

Il ne pouvait pas faire de propositions maintenant. Il devait réfléchir longuement et peser le pour et le contre, les risques et les bénéfices, tout aussi longuement. "Qui me dit que vous n'êtes pas un espion alien ? Je trouve ça suspect ..." Comme il avait une voix douce et posée, on n'aurait pas vraiment dit une blague, ça sonnait même comme un compliment.

Ses joues se teintèrent quand Zentsu le décrivit comme craquant, et il eut le réflexe de remonter son écharpe. "Non. Je voulais juste des chips". Il se retourna vivement et prit le premier paquet qui lui tomba sous la main, comme si ça avait toujours été son but premier.

Shirotani était très gêné que son thérapeute paye, même si il avait essayer de le dissuadé. Il était un peu dépité en sortant.

- Vous êtes têtu.

Ce n'était pas un reproche. Il était limite impressionné. Il devait être difficile pour lui de ne pas mener une idée jusqu'au bout. Après quelques minutes ils arrivèrent au parc. Il y avait un lac, quelques canard, un petit chemin entre les arbre. C'était beau. Les bruits de la ville étaient étouffé. Shirotani laissa retomber la pression.

Spoiler:

Adonis s’en alla donc vers l’appartement de son ami, Taiji. Pas de nouvelles de Zentsu, mais les deux ne risquaient pas de s’en plaindre. Le professeur n’avait aucune envie de recevoir des appels interminables de son meilleur ami. S’il ne parlait pas de ses patients,  l’idiot du village les appelait à l’aide pour une tentative ratée.

- Un festival ? Sérieusement, je pensais qu’on irait boire en ville commença à se plaindre le dernier

Taiji écrasa sa clope contre sa propre table basse marquée par les nuits entre potes, ainsi que celle esseulées. Le professeur haussa les épaules, sans donner de réponse à la question implicite du jeune homme. Pourquoi allaient-ils dans un festival ? Combien y avait-il de chance qu’Adonis croise un de ses élèves. Beaucoup trop.

- Tu te tapes une des autres profs ?

- On se tape pas tous nos collègues. Incroyable concept.

Taiji joua avec ses mèches de cheveux blondes en prenant son air suffisant. Ils se donnèrent rendez-vous au festival, Taiji lui tapa docilement dans le dos pour le saluer. Finalement , il opta pour une tenue sobre. Ses cheveux détachés. Taiji l’approcha rapidement , reconnaissant entre mille son air légèrement renfrogné

- J’ai de la bière. Tiens … regardes le groupe de jeune. Ça te rappelle pas la vieille époque ? Toi, Jay et Zentsu.

Adonis se souvenait très clairement de ses festivals avec Jay. Il observa les adolescents , se revoyant en plein cœur de son adolescence. Une petite tête blanche se démarqua . Ah… son élève .








Zentsu devait avouer qu’il n’avait pas beaucoup de fan. Même ses amis lui mettait parfois des rotatives à cause de son humour quelques peu particulier. Zentsu joignit ses deux mains «  J’ai vu le paradis bon nombre de fois. Ils veulent tous m’étouffer pour des gentilles blagues. Mais ça ne m’arrête pas  » . Ça l’encourageait presque à continuer sur la voie

Soudainement le thérapeute eut une réalisation «  Je suis peut-être un alien. Mais est-ce qu’un alien peut faire ça ?!  ». Bien évidemment , la suite des événements ne montrèrent en aucun cas le fait qu’il ne fut pas un alien. Mais il se permit de réaliser le plus beau morceau de air guitare jamais réalisé

- Ça vous en bouche un coin, même deux

Puis le chenapan se prit son paquet de chips. Ah, il l’aurait presque convaincu … presque. Non, ça ne se voyait pas que la gêne lui avait faire prendre le premier paquet de chips qu’il avait sous la main.  Des chips à l’avocat , moutarde et miel.

- Moi têtu ?! Absolument.  Mais regardez moi ces épaules qui se détendent . Il faut croire que vous aimez les parcs … je vois vos oreilles ! Wow moi qui pensait que vous étiez comme les dauphins avec des oreilles internes

Il remarqua un banc “ On s’y installe ?

Les garçons essayaient d'attraper des poissons sans casser leurs épuisettes pour les offrir aux demoiselles, créant une sorte de compétition. Les filles rigolaient entre elles, se moquant de leurs efforts pour les impressionner. Sonnen pouvait le comprendre. Evidemment, ces derniers étaient trop plongés dans leur combat pour le remarquer. Sonnen avait reconnu quelques élèves de son lycée, ainsi que de quelques autres. C'était comme une grosse réunion.

Il sentait sa tête tourner. Ils avaient chacun apporté une bouteille, planquées dans des sacs à dos. En soi une technique assez classique. Mais ce n'était pas lui qui avait dosé les verres, et il ne savait pas ce que contenait le sien. Il en avait déjà bu quelques uns. Plutôt que de s'arrêter là, il s'y complaisait beaucoup trop. Sonnen finit sa boisson tout en rigolant avec ses amis.

Une fille vient lui parler, il ne répondait que vaguement mais elle réussit à la missionner pour aller chercher à manger.

- Okay, okay, j'y vais.

Il se se concentra pour ne bousculer personne, et fronça les sourcils en croyant reconnaitre quelqu'un. "Mais" il détailla la personne "Mais oui. Je pensais pas vous voir monsieeeeur aha. Alors la, vraiment pas. C'est bien, c'est bien" Il mit la main devant sa bouche quelques secondes à cause d'une nausée passagère.

- Et ... Dit-il en regardant Taiji. Salut.

Il oublia complètement la fille et la bouffe. "C'est avec vous qu'il fait la fiesta toute la nuit ?" plaisanta-t-il en pointant du doigt l'intéressé.



Etais-ce possible d'autant rire avec une personne. Visiblement, c'était le cas. Cette balade devenait agréable, d'autant plus que dans le parc il n'y avait plus personne à cette heure-ci. On entendait quelques animaux par-ci par-là, des branches craquer. Ils s'assirent dans cette atmosphère paisible. Il aurait sûrement un peu peur en étant tout seul ici, mais avec Zentsu, il se sentait bien.

- Merci pour aujourd'hui. C'est moins terrible que ce que j'avais imaginé.

Shirotani sortit le paquet de chips et l'ouvrit pour le mettre entre eux. Il pouvait bien le partager. Il retira un de ses gants en grimaçant légèrement. La matière de qualité empêchait au maximum d'accrocher ses croutes mais pas totalement. Sa main était rouge et parsemée de petites blessures à force de se laver les mains trop souvent. Il alla chercher un chips.

- C'est meilleur que ce que j'imaginais. Allez-y servez vous, dit-il en poussant légèrement les chips vers lui.

Il regarda Zentsu quelques instants. Il était curieux à son sujet. Maintenant qu'ils étaient bien installé il se sentait moins dans l'urgence "Pourquoi avoir choisit ce voie ? Je veux dire ... Etre thérapeute".

Adonis détaillait les adolescents de donner en spectacle. Sa gorge se serrait doucement, comme si un délicat fil rouge tentait d’écraser sa trachée. Le fil du destin, le même que dans son lycée. Il n’aimait pas être dans des festivals. Il n’avait jamais aimé les festivals. Jae aimait les festivals. Son élève s’approcha coupant le fil l’étouffant grâce à son ivresse et ses petits mots tranchants.

- Nobu. rouspéta Taiji

Un enfant dans les pattes, Taiji était loin d’être ravi. De son côté Adonis observait son petit élevée pompette, se bataillant avec ses propres mots et sa nausée “ Combien de verres tu as bu Sonnen ? ” demanda t-il avec une voix inquisitrice. Taiji se mit à rire à gorge déployé puis attrapa le fameux par les épaules.

- Taiji, je suis effectivement celui qui le fait se bourrer. Tu veux une bière ?

Adonis jeta un coup d’œil à son ami, loin d’être amusé par cette démarche. Il repoussa Taiji qui explicita à son ami qu’il ne faisait que rire, que ce n’était rien de bien méchant. «  T’en verras beaucoup des élèves complètement torchés dans ta carrière. On a été comme eux  »

- Venez vous asseoir Schrim. Un peu d’eau ne vous fera pas de mal








- Oh usuellement on me dit le contraire . Je peux cocher ça dans mon journal des événements miracles

Le thérapeute observa alors le pauvre Shirotani souffrir pour manger ses chips. Il ouvrit son portable puis lui montra alors un appareille pour lui sauver la vie «  Les baguettes de doigts pour chips. Une invention incroyable  » murmura t-il comme s’il tentait de lui vendre la chose la plus farfelue ou illégale du siècle.

Il mangea des chips , oh c’était meilleur qu’il ne l’avait pensé alors il en prit trois autres «  Non mais en fait, c’est super bon. J’y crois pas  ». Quand la question arriva, il finit par observer le lac

- J’étais infirmier en psychiatrie. C’était violent. Coup, fracture, claques, menaces. Pourtant, je dois avouer que ce n’est pas ce qui m’a arrêté. J’aimais beaucoup mon travail. Plus que tout au monde. Mais je crois, que je suis fait pour aider les gens à s’accrocher à la vie. Le métier de thérapeute me va comme une paire de louboutin

-Sonnen-

Sonnen regarda de longues secondes son verre avec un air interrogateur, cherchant une réponse à l'intérieur.

- Bah ... J'en sais rien. On s'amuse tout le temps à me le remplir.

Il n'y était pour rien. Pauvre de lui. Adonis ne pouvait pas être en colère, en tout cas pas de son point de vue. Ce n'était qu'une pauvre victime dans tout ça. Son visage s'illumina a la proposition de Taiji. "Oh alleeer juste une petite. Toute petite" fit-il en imitant avec ses doigts et en regardant intensément son professeur pour l'amadouer. Mais ça ne marcherait pas.

- Non. Je veux pas d'eau. Je veux me bourrer la gueule pour rattraper cette putain de journée. Voilà.

Au moins c'était clair. Il n'avait aucun filtre, ce qui n'était pas vraiment étonnant. "Ah oui !" Une illumination "J'allais chercher à manger. Vous voulez venir ?"

Il faudrait aussi qu'il pense à remplir son verre ...

-Shirotani-

Shirotani ne pouvait s'imaginer tous les gadgets farfelus que Zentsu stockait chez lui. Il n'avait jamais rien vu de pareil "Oh, c'est ... Inventif" Mais au moins avoir mal lui rappelais qu'il devait se soigner. "Vous n'avez jamais pensé à être inventeur vous-même ? Je vous imagine bien"

Le secrétaire se resservit également, et suivit le regard de Zentsu qui se dirigeait vers le lac.

- Je vois. Ça n'a pas du être facile. Vous aimez aider les autres.

Ça forçait le respect. En tout cas c'est ce que Zentsu lui inspirait. Le moment était agréable et calme, jusqu'à ce qu'un gros bruit de branche cassée ne fasse bondir Shirotani qui se raccrocha a la cible la plus proche : son thérapeute. Il finit dans ses bras une fraction de seconde avant qu'il ne bondisse à nouveau dans l'autre sens en se rendant compte de son action. Il sursautait pour un rien et avait toujours détesté ça, mais il ne pouvait le contrôler malgré toute sa volonté. Le parc prit soudain un air un peu plus lugubre. Shirotani se fit petit et se rapprocha un peu de Zentsu.

- C'est beau et effrayant a la fois.

Adonis jeta un coup d’œil en direction du groupe plus loin. Il était temps de l’éloigner de son petit groupe d’ami. Le fait qu’il puisse s’éloigner ainsi montrait qu’il n’y avait aucun chaperon dans ce groupe. Première mauvaise nouvelle. Le programme de kidnapping de Sonnen était donc lancé

- Tai’ va nous chercher à manger .

Il prit la bière de taille puis l’agita devant Schrim «  Nous, on va boire ça plus loin. Tai’, tu nous rejoins en bas de l’arbre plus loin.  ». De toute façon, Tai ne risquait pas de refuser d’aller chercher de la nourriture. Adonis avança donc avec son élève dans un coin un peu plus calme. Il ne risquait pas de lui donner cette bière mais l’appât du gain pouvait le pousser à le suivre

- Alors que s’est-il passé lors de votre journée Schrim ?

Assez pour picoler et être bourré devant son professeur. Adonis s’assit donc en dessous d’un arbre. Tai jeta un dernier coup d’œil à Adonis… un peu inquiet tout de même pour lui et cet élève






Zentsu tentait de s’imaginer en train d’inventer quelque chose. Lui qui n’arrivait jamais à rien ? Ça avait un aspect extrêmement comique. Ses inventions seraient toujours à moitié ratée. Il serait un charlatan vendant des solutions miracles.

- Moi ? Inventeur ? Je suis très mauvais dans le domaine. Les meubles IKEA c’est ma limite

Et encore, il avait un tabouret du nom de Svendgkalog ou quelque chose comme ça qui l’attendait encore dans un coin de son appartement. Zentsu secoua la tête négativement «  C’était agréable. Dur… mais si je devais le faire, je le referais  »


Shirotani se jeta ensuite dans ses bras et Zentsu l’observa avant qu’il ne recule. Il avait peur ? Il lui fit signe de se concentrer sur le lac et observer le coucher de soleil «  C’est très beau. Il y a des choses qu’on peut expérimenter seulement en dépassant ses peurs. Combien de peur avez vous affronter aujourd’hui pour rire et voir ce coucher de soleil ? Hum ?  » lui demanda t-il en restant auprès de lui

- Vous êtes vraiment très sympathique Shirotani. Très courageux, j’apprécie ça chez vous

Il continua d’observer le coucher de soleil ainsi que les lampes qui commençaient à s’allumer dans le parc.

Il n'en fallut pas plus pour convaincre Sonnen. Il suivit Adonis sans faire d'histoire jusqu'en dessous de l'arbre, oubliant complètement ses camarades et la fille qu'il venait de snober. Ses doigts essayèrent quelques secondes d'attraper la canette promise mais il finit par abandonner. Il s'était fait piéger. Être assis lui faisait du bien, il ne devait plus chercher son équilibre. Un petit soupir passa entre ses lèvres.

- C'est rien d'important.

Sonnen se mit à jouer avec une feuille à ses pieds "Vous avez surement mieux à faire que de me surveiller. Je ne veux pas gâcher votre festival. Je ne finirais pas dans le caniveau. Vous pouvez garder la conscience tranquille. En plus vous êtes accompagné." Il finit par déchirer la feuille en petits morceaux et garda le silence quelques instants.

- Mais je vous avoue que j'ai pas vraiment envie de rentrer chez moi aujourd'hui. Je vais sûrement aller ... chez un ami ...

Il ne savait pas lequel mais il allait trouver.



Shirotani supposa que Zentsu devait être très maladroit. Peut-être était-ce la raison derrière tous ces bandages. Il trouvait ça charmant mais ça l'inquiétait un peu aussi. Mais Zentsu était un grand garçon. Cependant, il ne put s'empêcher de lui faire part de son inquiétude "Si vous dites ça parce que vous êtes maladroit, faites attention à vous s'il vous plait. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose". Zentsu était rapidement devenu, en deux jours à peine, la personne à qui il parlait le plus. Ça avait créé un certain affect. Pour beaucoup, ça paraitrait risible, mais il n'avait gardé contact avec aucun ami. Chose qu'il regrattait aujourd'hui, même s'il était la principale cause de cet éloignement. Et aujourd'hui il n'osait plus reprendre contact. On pouvait dire qu'il avait un peu honte.

Le secrétaire se concentra sur le lac et s'émerveilla silencieusement du coucher de soleil. Ses yeux pétillaient.

- Je suis content d'être sortit.

Il se sentait gonflé par un sentiment fort : l'espoir. Qui, là-haut, avait donc mit Zentsu sur sa route ? Il était tombé sur la personne parfaite pour l'aider à s'améliorer. Maintenant, il espérait ne pas prendre trop de son temps. Il ne voulait pas déranger.  

- Je suis mysophobe.

Shirotani ne l'avait pas encore exprimé, même s'il ne doutait pas que Zentsu en avait déjà une petite idéé. "Tout est difficile pour moi. La moindre chose ... Je suis handicapé pour tout ... Je veux changer."

Adonis s’assit donc, le corps un peu lassé, il laissa échapper un soupir de soulagement en s’asseyant. C’est qu’il commençait à devenir yeux. Il ouvrit sa canette de bière et y trempa ses lèvres. Il remua le contenu, cherchant ses mots un instant avec un doute

- Quoi ? Les soirées avec Taiji ? Ce n’est pas comme si je ratais grand chose

Adonis lui indiqua la direction de son ami avec un air épuisé. Taiji était très sympathique, mais il se pliait à ses besoins parce qu’ils avaient tous peur. «  Il ne fait que me sortir pour m’occuper. Ça va faire un an, peut-être deux qu’ils me promènent tous » . Peut-être devrait-il se montrer plus reconnaissant de leurs efforts individuels ? Prenant sympathiquement sur eux pour répondre à ses besoins.

- Je vais donc rester. Taiji trouvera rapidement quelqu’un pour l’amuser dans ce festival

Taiji était assez facile à séduire. Adonis regarda du coin de l’œil les fameux amis de son élève . Il n’aurait pas usé du même terme «  Des personnes qui remplissent vos verres sans voir votre mal-être ? Vous allez vraiment les suivre. Je préfère vous savoir avec moi. S’il le faut, vous resterez dans mon appartement.  » insista t-il avant de se tourner dans sa direction.

- La solution n’est pas de se plonger dans l’ignorance Sonnen

Il alla gentiment passer sa main dans son dos «  Nous pourrons chercher une solution ensemble quand vous serez prêt à m’en parler. Ça peut être maintenant ou plus tard.  »




Zentsu s’attarda a regarder Shirotani pendant qu’il lui partageait sa peur. Maladroit ? A part une maladresse des mots, il n’était pas si maladroit. C’est ce qu’il aimait dire. En tout cas, il ne se pensait pas plus maladroit qu’un autre. Un café brulant sur les jambes de temps à autres, une nouille qui passe de travers . Ah les bandages !

- Vraiment ? Moi qui comptait me lancer dans une carrière de cascadeur ou doubleur . Je me vois bien doubler un acteur connu. Mais .. merci, ça me va droit au cœur et je vous renvoie votre petit sort de protection

Zentsu devait avouer qu’il observait un peu plus son allier de supérette que le lac. Quel drôle de jeune homme. Il avait de la chance de l’avoir rencontré, il était vraiment très drôle ( en dehors d’être assez charmant une fois le visage hors de l’echarpe)

- Génial ! C’est pour cela que j’ai hâte que vous réalisiez le second défi et qu’on se revoit encore

Le thérapeute avait en effet cru comprendre cela , il regarda en direction du lac afin de lui parler tranquillement «  Je vois. Vous savez Shirotani, les changements peuvent se réaliser lentement comme aujourd’hui. Aller dans un nouvel endroit malgré la peur et l’affronter de face. Être assis sur un banc et partager des chips avec moi.  »

- Vivre ce n’est pas forcément être totalement guéri . C’est une option qui reste géniale mais parfois vivre … c’est vivre différemment des autres, c’est s’adapter à son propre rythme.

Puis il finit par lui faire un grand sourire «  En tant qu’ami, je vous souhaite la guérison totale en tant que thérapeute, je vous souhaite une paix progressive. Wow , j’ai presque l’air d’un sage comme celui dans le roi lion. Mais oui le singe avec le sceptre … va au delà de ce que tu vois  »

Sonnen aimait voir son professeur ainsi. Assit à même la terre, une cannette entre les mains, détendu. Il avait l’impression d’être un peu plus proche de lui. En le regardant du coin de l’œil il se fit la réflexion : « Ah…. Il est vraiment beau. »

Il ne savait pas à qui se référaient le « tous », mais il trouvait les paroles d’Adonis assez tristes. Comme s’il n’ennuyait la plupart du temps. Maintenant qu’il y pensait, son professeur lui avait déjà parlé de son amant disparu. Il avait traversé quelque chose de difficile, il n’était sûrement plus le même depuis. Sonnen se demanda quelle était son histoire, mais il ne pensait pas que c’était le moment pour en parler. Soudain, son problème lui sembla minime et il se sentit mal pour ça.

Il fut réellement surpris qu’Adonis lui propose d’aller chez lui. Surpris qu’il prenne ce genre de risque. Si c’était un autre élève dans la même situation, aurait-il proposé la même chose ? Après tout, il était gentil et bon professeur.

Sa main dans son dos lui procura quelques picotements. Il se sentait bien avec lui. Comme si ce geste avait ouvert une vanne il sentit ses yeux se mouiller. Il se les frotta avec le dos de sa manche.

- Désolé. Je ne veux pas m’imposer chez vous.

Même s’il en mourrait d’envie en réalité. Déjà parce qu’il ne saurait pas à qui demander de l’héberger, et qu’Adonis n’était pas n’importe qui pour lui.  C’était quelqu’un avec qui il avait envie de passer du temps. Avec ses amis, il se sentait là et absent en même temps. Ce n’était pas le cas avec Adonis.



Quand Shirotani sentit le regard de Zentsu posé longuement sur lui, alors que lui observait le lac, ça le fit rougir quelques peu pour une raison qu’il ne s’expliquait pas vraiment. Alors ils allaient encore se revoir. Enfin, Shirotani s’en doutait, mais c’était agréable à entendre. Il oublia le paquet de chips ouvert entre eux.

Il entendit les jambes et trouva la pointe de ses chaussures très intéressantes.

- J’ai hâte aussi, dit-il timidement, les mots à moitié enfouis dans son écharpe.

Il avait terriblement peur et terriblement hâte en même temps. Cela créait une mélasse de sentiments assez particulière. Les mots d’encouragement de son thérapeute firent leur effet.

- Bien sûr. Mais ça m’a déjà privé de tellement de choses et je veux que ça cesse. Que ça soit avec des anciens amis ou pour d’autres raisons. Les choses n’ont pas vraiment tourné comme j’avais pu le prévoir en étant plus jeune. Je suis fatigué de cette situation.

Il ne disait pas qu’il allait changer du jour au lendemain, certainement pas. Mais il était motivé, même s’il ne savait pas encore s’il pouvait vraiment en guérir totalement. Shirotani espérait au moins avoir une vie sociale normale.

- C’est vrai que vous lui ressembler un peu, dit-il en rigolant. Zentsu avec un sceptre, un pagne, et de la peinture sur la figure, c’était amusant. Mais vous n’en avez pas que l’air, vous êtes sage. Un sage un peu fou peut-être, plaisanta-il.

Shirotani remit ses gants car ses mains irritées ne supportaient pas très bien le froid. « Merci de vouloir être mon ami. Mais je risque de plus vous voir comme ça que comme mon thérapeute. »

Adonis se sentait souvent seul même dans la foule. La mort de Jae n’avait jamais ajouté de la solitude dans son quotidien. Pas sa mort, mais la manière dont les autres s’étaient comportés l’avait fait. L’isolement était souvent à cause des autres, mais pas en tentant une exclusion mais en essayant de nous inclure.

Il trouvait que Sonnen était souvent seul. Seul en train de faire rire la classe, seul à dessiner, seul à penser par la fenêtre. Peut-être qu’il le comprenait quelques peu, c’est pour ça qu’il l’avait pris sous son aile.

Sa main passant sur son dos, il avait déjà dépassé la limite depuis longtemps. Cette ligne le séparant de ses élèves, la bienséance. Mais si c’était pour conforter Schrim

Ses pleurs le confortèrent. Il avait bien agit. Il ne le regrettait pas. Ses bras entourèrent alors les épaules de son élève sans même prêter attention à son geste. «  Ne dites pas n’importe quoi. Je ne vais pas vous laisser là. Je suis là pour vous  »

Il prit son téléphone puis passa un coup de fil à Taiji, lui expliquant qu’il allait rentrer avec son élève. Une fois le coup de fil passe, le professeur passa sa main dans ses cheveux, il déplia ses lunettes se trouvant dans sa poche et s’en servit comme un bandana.

Il se plaça alors devant lui «  Montez sur mon dos. On ira plus vite et ça vous empêchera de tomber  ». Et il habitait à quelques minutes à pied des lieux




- Vouloir changer est incroyable. C’est un pas vers l’avant pour retrouver ces anciens amis mais aussi en trouver des nouveaux comme

Zen se montra de manière dramatique avec un énorme sourire. N’était-il pas un super ami, il méritait une vraie ovation. Rafiki ! Il était donc Rafiki ! Zentsu se voyait à présent dans la savane, s’amuser de sa nouvelle sagesse acquise par la vieillesse. Il passa sa main dans sa barbe imaginaire

- Moi fou ?! Ah ma barbe de sage vous dit le contraire. Les fous ne développent pas une barbe si imposante

Puis Zentsu rit légèrement «  Ce n’est pas grave. Vous n’avez pas un trouble de dépendance affective , que je sois votre ami ne devrait pas trop empiéter sur nos petites réunions. Puis je dois avouer que je préfère qu’on se voit comme des amis. Je ne ris pas autant avec mes clients  »


- Vois pourriez supporter d’aller au cinéma lors d’une heure creuse Shirotani ?

Sonnen renifla de manière peu gracieuse en ravalant ses larmes. Il se sentait quand même désolé de changer ses plans. Quand Adonis l'entoura de son bras, il se laissa aller contre lui. Là, tout de suite, il ne voulait pas bouger. Il profita de la douce étreinte jusqu'à ce que son professeur se relève.

- Arrêtez de me vouvoyer. Ça fait bizarre.

Il ne se fit pas prier pour monter sur le dos d’Adonis. Il avait l’impression d’être retombé dans son enfance, quand son père le portait ainsi. Même si là, la situation et le sentiment qu’il en retirait était complètement différents. Maintenant qu’il était si proche de lui, son odeur emplit son nez, et il prit discrètement une plus grande inspiration pour en profiter (il ne voulait pas qu’Adonis le prenne pour un pervers), avant de cacher son visage dans son cou.

- Merci.

Sonnen était tellement bien qu’il pourrait s’endormir sur lui. Mais il devait garder ses bras agrippés alors il se força à rester réveiller. « Je ne suis pas trop lourd ? » Il parlait à son oreille.




Shirotani aimait l'idée d'être ami avec Zentsu. Mais étais-ce vraiment raisonnable ? Après tout, il était aussi son thérapeute. Alors il posa la question épineuse.

- Je suis très heureux que vous soyez mon ami, dit-il avec sincérité. Mais est-ce que je ne dois pas vous rémunérer ? Après tout, vous êtes aussi mon thérapeute, et nous somme en rendez-vous ...

Il bafouilla les derniers mots « Enfin, en rendez-vous en tant que patient ». Ça paraissait trop galant s'il ne précisait pas. Ah, il avait cette habitude de se gêner tout seul, c'était vraiment dérangeant. Avec un petit soupir il remonta son écharpe, qui lui chatouilla le nez.

- J'aurai l'impression de profiter de vous.

Adonis garda son jeune élève contre lui, le laissant prendre son temps pour pleurer pour quelconques situations qui le chagrinait. Ses larmes coulaient le long des joues de Sonnen, s’échouaient parfois sur le t-shirt du professeur ou encore son jean. Il espérait pouvoir lui retirer les informations à propos de cette situation.

Le professeur soupira en entendant sa demande.

- Qu’est-ce que je ne ferais pas pour vous Sonnen … bien … Je suppose que pour cette nuit, je peux t’accorder ce vœu.

Adonis laissa son élève grimper sur son dos. Il se releva visiblement habitué aux charges lourdes ou à un exercice similaire. Parce que oui, Adonis n’était pas qu’un fêtard par omission,mais il aimait occuper son esprit en faisant du sport.

- Tu n’es pas trop lourd. J’ai déjà porté plus lourd

Le rassura t-il en débutant sa marche en direction de chez lui. A présent, il suffisait d’emprunter son chemin. Quelques petites marches et il décida de prendre un petit chemin. Il décida de profiter de ce petit instant dans la paix la plus silencieuse. Sonnen collé contre son dos, ses mains agrippées sur ses épaules afin de garder un appui. L’esprit d’Adonis tentait de penser à autres chose que cette situation.

- Je vais te préparer un repas et te donner des vêtements de rechange. Ça sera un peu grand mais ça sera mieux que rien







Le thérapeute devait avouer qu’il n’avait pas pensé à Shirotani comme un client. Maintenant qu’on parlait de frais, il pouvait demander quelque chose afin d’être rémunéré «  Je dois avouer que mes frais sont effroyablement élevés . En comptant que nous réalisons des sorties à l’extérieur , mes incroyables blagues et mon jolie facies  » il prit son portable puis calcula

- Le prix est donc de m’envoyer d’incroyables vidéos drôles venant d’internet tout les soirs et parler de vos passions sur un sujet du jour . Un prix incroyable… mince j’aurais du demander des photos de votre collection d’écharpe .

Zentsu haussa donc les sourcils en entendant le mot rendez-vous «  Wow rendez-vous  » puis quand il précisa patient , il simula une tristesse avec un air abattu

- Quoi … moi qui avait préparé un super bouquet de rose pour notre prochain rendez vous … et des musiciens …

Il plaisantait évidemment mais c’était toujours drôle de taquiner Shirotani «  Je peux vous poser une question personnelle ? Quand est-ce que vous avez remarqué que cette phobie devenait trop difficile à gérer ? Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?  »

La remarque d’Adonis le fit rire et stopper définitivement ses larmes. Son professeur devait faire attention, s’il ne pouvait pas résister à ses demandes, il pourrait en profiter. Mais pour le moment, il se contenta de comment ce tutoiement sonnait à son oreille. Il resserra sa prise sur ses épaules. Son corps était chaud, c’était agréable.

Sonnen constata en effet qu’Adonis n’avait pas de difficulté à le soulever. Il devait pousser à la salle. Il regarda curieusement autours de lui le chemin qu’il empruntait, c’était plutôt charmant. Maintenant qu’ils avaient quittés le festival, c’était bien plus silencieux. On entendait que le bruit des pas d’Adonis et des voitures au loin.

Alors, Sonnen allait avoir un hébergement 5 étoiles « ça sera parfait ». Heureusement, on était samedi, aussi ils ne devraient pas se presser le lendemain ou trouver un stratagème pour ne pas se rendre à l’école ensemble.

- Je vais goûter à votre cuisine. Je suis beaucoup trop content.

C’était un privilège.

Les cheveux d’Adonis lui chatouillaient le nez, il les écarta un peu. Ils étaient doux. Ah, est-ce qu’il pouvait trouver un défaut ? Ça l’arrangerait. Il aurait peut-être moins envie de s’impliquer. « Je pense que vous pouvez me déposer. »

Il sentait qu’il commençait à dégriser, même si c’était encore un peu flou. Il se sentait capable de marcher.



Shirotani était prêt à payer le prix qu'il fallait. Mais il ne s'attendait pas à ça.

- Vous êtes sûr ? Dit-il inquiet. Je prends quand même beaucoup de votre temps.

Il savait déjà qu'il allait passer des heures à se demander quelle vidéo serait le plus drôle tous les soirs. Zentsu le faisait bien rire sans cesse, il lui devait bien ça. «D'accord, alors je ferais ça». Mais Shirotani ne comptait pas se contenter de cela et réfléchis quelques minutes.

- Est ce que ça vous intéresserait ... De manger chez moi le soir ? Tous les soirs si vous les souhaitez.

Ils avaient l'air d'habiter tous les deux dans le même coin. Shirotani se faisait livrer les produits directement chez lui mais il n'était pas mauvais cuisinier. Il se disait que ça serait un bon moyen de le remercier. « J'aimerai aussi réussir à faire entrer quelqu'un chez moi. » C'était quelque chose dont il avait horreur mais ça pourrait être une nouvelle étape pour lui. Au moins il serait chez lui, dans son confort. Il passerait surement le reste de la soirée à tout nettoyer mais tant pis. Il avait l'habitude.

- Ne me charriez pas comme ça ...

Shirotani s'imagina le bouquet et les musiciens. Il avait vécu ce genre de rendez-vous romantique il y a quelques années, mais ça n'avait pas duré longtemps. La solitude planait au dessus de lui depuis.

- J'ai toujours eu cette phobie, en tout cas de ce que je me souvienne, mais elle n'a fait que grandir au fil des années. Je n'arrive pas à me rappeler ce qui a pu la déclencher. Et pour être franc avec vous je ne sais pas si chercher à savoir est une bonne idée.

Il répondit à se seconde question, avec un air plus triste.

- Je me sentais seul. Ça devenait insupportable ... Puis je suis tombé sur vous et je me suis dit que ça devait être un signe.

Adonis était loin d’être un mauvais cuisinier. Vivre avec sa grand-mère l’avait aidé à développer une bonne maîtrise de la cuisine. Pas parce qu’il aimait ça, mais parce qu’il avait toujours désiré être aimé par elle. Mais des bons plats ne réchauffaient pas les cœurs. Les silences aux dîners. Il avait préféré la pension à cet atmosphère

- Je ne suis pas mauvais en cuisine

Puis il sentit la main de son élève dans ses cheveux. Un frisson passa un court instant sur sa nuque, courant le long de ses bras. Le professeur se mordit la lèvre inférieur, se punissant de sa propre réaction. Sincèrement à quoi pensait-il ? Si bien que le corps de Sonnen semblait avoir soudain prit vie sur son dos. Il se rendait compte de son poids, son torse contre son dos, ses mains sur ses épaules, son souffle dans sa nuque.

- Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? J’étais ailleurs

Ailleurs. Pas si loin. De toute façon, ils n’étaient pas si loin. Adonis commença à chercher ses clefs, il les récupéra d’une main adroite puis les garda entre ses lèvres pour taper son code. Son immeuble ressemblait à tout ceux au centre de Tokyo. Impersonnel avec un soupçon de plantes vertes pour décorer.

Adonis posa ensuite son élève afin d’entrer dans l’ascenseur . Il vivait au quatrième étage. Dans l’ascenseur se trouvait un miroir, l’homme ne s’y attarda pas. Appuyant sur le bouton, il attendu patiemment la montée de son ascenseur

Une fois devant son appartement , il l’ouvrit et enleva ses chaussures. Rangé, seul une chemise traînait sur le canapé. Ses décorations étaient en osier pour ce qui touchait aux luminaires, le reste de la pièce était blanche et noir. La télé encastré dans le mur avec quelques jeux vidéos dans un meuble.

- Le canapé, ma chambre est là-bas et la salle de bain à droite.

Quelques photos se trouvaient dans un coin du salon. Adonis en train d’enrouler son ami dans des bandages jusqu’à la tête avec Taiji hilare à leur droite, une avec une femme aux cheveux roses décolorés assez âgée, puis une d’Adonis en embonpoint chez sa grand-mère. Et une autre de lui avec un jeune homme châtain, aux traits doux s’accrochant à lui comme si Adonis allait tomber d’une rambarde

- Je vais te chercher des vêtements








Le thérapeute avait cette drôle d’impression d’arnaquer le pauvre Shirotani. Mais il semblait même vouloir s’engouffrer dans cette arnaque. Il lui aurait presque secoué la main pour sceller cet accord «  De la nourriture tout les soirs ! Oh lala ! C’est une sacrée affaire. On devrait faire les courses ensemble une fois par semaine et programmer un menu  »


Donc ils pourraient passer un palier ensemble ainsi. Il pourrait enfin avoir quelqu’un chez lui et le thérapeute pourrait manger autre chose que des Twix vieux d’une semaine «  Je vois suis tres reconnaissant mon seigneur Shirotani le grand  » il s’inclina alors

Puis il laissa esquisser un sourire «  J’arrête mais vous êtes si bon public Shirotani . Oh d’ailleurs mes amis m’appelle juste Zen. Vous pouvez le faire  »

Pourtant trouver les maux d’un problème était souvent la solution. Mais il aborderait cela plus tard «  Oh donc c’est assez vieux. C’est bon à savoir  » puis il observa Shirotani

- Moi un signe ? Oh je vois ! Et bien , le hasard a bien fait les choses avec notre rencontre à la supérette alors pourquoi pas ? [/ b]

Puis il s’étira « [b] On va marcher un peu avant de rentrer ?  »

Sonnen remarqua qu’Adonis avait l’air un peu ailleurs, ça le fit rire légèrement.

- Je disais que vous pouviez me déposer mais ça me va très bien aussi de rester là, dit-il en croisant ses bras autours de son cou et en posant sa joue sur lui.

Il se redressa seulement quand Adonis commença à chercher ses clés. Alors c’était là qu’il habitait.

Il regrettait de devoir poser le pied au sol mais retrouva assez facilement son équilibre. Il y eu un petit silence presque gêné dans l’ascenseur, ou Sonnen détailla son professeur sans vraiment se cacher. Il remarqua en se détaillant dans le miroir qu'il avait plutôt mauvaise mine. Il se frotta le visage et les yeux avec véhémence.

Ils arrivèrent et Sonnen remercia Adonis d’un signe de tête. L’élève regarda distraitement les photos. C’est vrai, il se rappelait qu’Adonis lui avait déjà parlé de cet embonpoint dans son enfance. Ça lui donnait un air assez mignon, mais il préférait la fermeté de ce qu’il avait senti en était sur son dos. Il essaya de ne pas sourire en se remémorant.

Celle qui attira le plus son attention était ce jeune homme aux cheveux châtain. C’était lui, son ancien petit ami ? Il éprouva une pointe de ce qu’il discerna être de la jalousie. Mais lui, il avait un avantage, celui de ne pas être mort. Il le regarda avec un air de défi puis se rendit compte que c’était un peu ridicule.

Il se rendit à la salle de bain précédemment indiquée par Adonis. Elle était moderne et simple. Sonnen se rendit compte à quel point ses vêtements et sa personne sentaient l’alcool. Dégoûté, il entreprit de se déshabiller, jetant nonchalamment ses vêtements dans un coin de la pièce du bout du pied.

Il fit couler l’eau, bien chaude, et soupira d’aise en se mettant en dessous.




Shirotani approuva d'un signe de tête. "Retrouvons nous demain pour faire les courses alors, puis nous irons chez moi pour que je vous prépare quelque chose." Le voir s'incliner ainsi le gêna.

- Arrêtez, c'est le moins que je puisse faire. Il marqua une pause. ... Zen.

Il regarda Zentsu avec des points d'interrogations dans les yeux "Bon à savoir ?" Il était juste curieux de connaître pourquoi. Il se leva pour continuer leur petite balade dans le parc avant de doucement reprendre le chemin vers chez eux.

Shirotani plongea quelques instants dans ses souvenirs. Malgré ce qu'il venait de dire, il ne pu s'empêcher de se demander ce qui avait bien pu déclencher cette phobie chez lui. Un frisson le parcouru de la tête au pied. Il se n'était jamais penché sur ce sentiment mais il se rendit compte que ça ressemblait à de la peur. Avait-il oublié délibérément ? Il devait être fort jeune. Il chassa ces pensées de son esprit. Il y avait un temps pour tout.

- Avez-vous déjà eu affaire à quelqu'un comme moi ?

Si oui, il était curieux de comment il s'en était sortit.

Adonis dans l’ascenseur observait le plafond avec une certaine intensité. Sûrement l’esprit se baladant de gauche à droite sur les événements de la soirée. Il sentait le regard de son élève pendant qu’ils étaient dans la caisse de fer. Le professeur portait une chemise ample noire, un pantalon feutré taille haute. Son col s’était légèrement relevé par ici et la a cause de cette petite aventure sur son dos. Pourtant il ne prit pas le temps de le réajuster.

Il entra alors dans l’appartement , laissant son élève découvrir son intimité. S’en souviendrait-il en se réveillant ? Il oublierait sûrement les détails de cette soirée. Mais lui, il s’en souviendrait encore. Ça le poursuivrait sûrement pendant deux semaines. Il avait le don pour s’attirer des soucis.

Adonis selection a donc un t-shirt à manche longue et un pantalon qui s’attachait avec un noeud. Il toqua à la porte deux fois avant d’y entrer et posa les linges sur le lavabo. Il ne s’aventura pas à regarder en direction de la baignoire et il en sortit aussitôt

- Je prépare à manger

Puis il retira sa chemise, il n’avait pas envie qu’elle empeste le repas. Son débardeur serait suffisant et un bas de jogging pour le bas. Il commença à couper ses ingrédients , ses lunettes devant les yeux . Des Yaki Soba , ça ferait l’affaire. Il coupa , mélangea et goûta. Ça suffisait. Il fouilla dans sa poche et y retrouva le noeud rouge. Il l’utilisa pour ne pas se retrouver avec des cheveux collant sur ses joues ou sa nuque a cause de la cuisson.

Il servit les deux assiettes puis démarra la préparation d’une concoction pour la futur gueule de bois de Sonnen qu’il plaça ensuite dans son frigo. Il observa la photo de Jae l’observer de loin. Qu’il ne l’observe pas comme ça, il n’était pas celui qui l’avait lâchement abandonné. Il soupira.

- Tu aurais sûrement dit que je n’ai pas changé murmura t-il






Entendre son surnom lui fit sentir un petit pincement au cœur. Un pincement que les masochistes aimaient bien, donc notre brave Zentsu n’avait pas détesté. Il avait même adoré. Est-ce que c’était ça être adorable à en mourir

- Oui. Après tout la naissance d’un traumatisme complètement oublié et enfoui n’est jamais un bon signe. Donc c’est bon d’avoir cette information

Puis il regarda alors Shirotani en posant sa main sur sa bouche «  Voyons Shirotani … le secret professionnel. Je ne peux pas vous parler de mes autres cas  » dit-il en prenant la mine la plus choquée du monde . Puis il lui fit un clin d’œil avec un grand sourire

- Je peux seulement vous parler de mes patients en psychiatrie. Je connaissais une jeune femme qui avait une phobie des planètes. Elle été arrivé après une grosse crise après avoir été enfermé dans une pièce avec un film de Star Wars sur grand écran

Zentsu avança à pas lent en pensant à cette femme «  Nous sommes restés en contact et elle a réussi à se sortir de sa torpeur. Mais ça a été un véritable apprentissage assez long ou nous passions notre temps à gérer des crises. Puis le final a été merveilleux  »

Finalement sans être thérapeute, il avait réussi à l’aider «  Son mari était très heureux d’apprendre qu’elle pouvait enfin supporter qu’on parle de l’univers au dîner  »

Sonnen perdit quelques secondes à observer les produits présents dans la douche. Il s'empara du shampoing et se permit de l'utiliser, de même que le savon. Avoir l'odeur d'Adonis partout sur lui ne le laissait pas de marbre, et il lui fallut quelques autres secondes pour se reprendre.

Comme il était plongé dans ses pensées, il sursauta légèrement quand les deux coups retentirent. Si Adonis avait pris soin de ne pas le regarder, ce n'était pas le cas de Sonnen et il ne put s'empêcher de sourire devant l'empressement de son professeur. Il n'eut même pas le temps de lui dire quelque chose en réponse.

Il termina rapidement et analysa les vêtements qui lui avaient été donnés. C'était un peu grand, mais ça avait l'air très confortable. Il enfila le haut puis le bas, qu'il du bien serrer pour que ça ne tombe pas sur ses hanches. Ça le fit rire quand il constata qu'on ne voyait plus ses pieds.

Pieds-nu, il sortit silencieusement dans le couloir. En arrivant près du salon, il remarqua Adonis en train de cuisiner, et pour une raison qu'il ignore il décida de ne pas se montrer pour pouvoir l'observer un peu à son insu. Sonnen se mordit l'intérieur de la joue. Sincèrement, c'était la chose la plus sexy qu'il ait jamais vu. Mais, c'était son ruban ?

Sonnen arrêta de regarder et resta dos contre le mur du couloir. Combien de fois allait-il devoir reprendre ses esprits ? Quand il entendit Adonis parler tout seul, il glissa de nouveau un regard curieux et remarqua qu'il s'adressait à la fameuse photo. Etais-ce une habitude pour son professeur de ramasser les chiens errants ? Malgré lui, il eut un petit pincement au cœur. En plus de ça, il parlait à son ex décédé.

Sonnen se décida enfin à sortir et se mit de façon à couper le contact visuel entre les deux. Ses deux coudes sur le plan de travail, il se baissa légèrement. Son pull trop grand en dévoilait un peu plus (si sa première action était préméditée, celle-ci ne l'étais pas forcément).

- Ça sent bon ici.

A ces mots, il se tourna brièvement pour voir les deux assiettes sur la table. L'appel de la bouffe eu raison de lui et il ne se fit pas prier pour vite s'assoir.

- Vous êtes le meilleur, dit-il en sautillant sur sa chaise.

Il le pensait.



Leurs pas les guidèrent au fil de la conversation. Shirotani marchait sans plus vraiment penser à sa destination, écoutant Zentsu et ses histoires toujours incroyables. Il devait être quelqu’un que les enfants appréciaient. Sa main vint automatiquement à sa bouche quand Zentsu prit son air choqué et lui fit presque une remontrance, comme s’il était pris en plein dans sa bêtise. « Oh, oui, c’est vrai. »
Cette femme avait dû passer par bien des périples, mais ça avait un petit côté comique aussi. Il n’avait pas encore entendu parler de cette phobie,

- Je vois. Alors elle s’en est sortie, c’est bien.

En reconnaissant sa rue, il se rendit compte que son thérapeute l’avait suivi juste là. « Je suis en train de vous faire faire un détour. Désolé, je ne me suis pas rendu compte. » Il eut un air gêné maintenant qu’ils devaient se séparer.

- Alors … Bonne nuit ? On se voit demain. Zen, ajouta-il avec un petit ton espiègle.

Il ne pouvait pas dire qu’il avait hâte, ce que cela impliquait n’était pas vraiment agréable pour lui. Mais s’il devait essayer, c’était bien avec Zentsu.

Adonis n’avait senti aucun regard dans son dos. Ni entendu quelconque pas humide, d’un adolescent sortant de la douche. Sa découpe ne fut donc pas dérangé, il goûta le produit de ses quelques minutes de cuisine. Peut-être un peu plus de sel. Il en rajouta.

Le professeur cessa sa conversation avec son défunt ex. Ses yeux se plongèrent soudainement dans ceux de son invité, puis dans son pull laissant apparaître son torse à la couleur diaphane. Son regard remonta jusqu’aux yeux de Sonnen, même s’il le chemin fut rude et passa par son cou, ses lèvres puis ses yeux.

Il devait se reprendre. Sonnen était éméché, il était son professeur. Adonis ne pouvait pas se permettre de profiter de sa position d’autorité. Il n’avait jamais été ce genre de personne.

- Je voulais absolument que tu manges quelque chose de bon. Un bon repas bien chaud, ça joue beaucoup. Puis c’est ton dernier repas avant une gueule de bois monumentale

Adonis se servit une canette de jus de litchi, il alla s’asseoir auprès de lui pour se servir sa première bouchée. Usuellement , il aurait regardé sa série netflix du moment mais il avait une conversation à avoir avec Schrim. Il prit ses baguettes puis tapota doucement sur le rebord de son assiette.


- Les cuites pour soigner le chagrin , ce n’était pas brilliant Sonnen. Ce n’est jamais une bonne idée

Pourquoi se sentait-Il nerveux ? Parce qu’il avait en horreur l’alcool, la drogue. Pourtant n’était-il pas le plus grand des hypocrites ? Il enfilait les verres pour faire ses amis sourire, se sentir à l’aise. Combien de fois avait-il acquiescé pour être en paix. Un soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’il rapporta une première bouchée vers ses dernières.

- Je ne te sermonnerai pas plus parce que ça sera la dernière fois

Son ton laissait entendre qu’il ne serait pas aussi clément si une histoire pareille arrivait à ses oreilles. «  Mais bon, tu auras tout le temps de te prendre des effroyables cuites dans ta vie. Sans que ton vieux prof te gêne  » lui affirma t-il en posant son couvert

- Tu peux m’expliquer un peu ce qui se passe ? lui demanda t-il








Zentsu devait avouer qu’il évitait les enfants. Pas très envie qu’ils se mouchent dans ses bandages. Mais il était toujours un peu mal à l’aise avec les petits. Son public préféré c’était les adultes et les enfants entrant dans la tranche des 10 ans , ils comprenaient les histoires et adoraient les répéter.

- Pas de soucis, je vais pouvoir réaliser mes pas en plus de la journée . Tiens toi bien le mont Everest, je ne suis pas loin

Il s’échauffait donc dans la rue jusqu’à entendre son surnom. . Ah…quel douce mélodie. Zen lui adressa un grand sourire «  Au revoir ! Je dois vous trouver un surnom. Tout de même .. Shirotani, le colonel des supérettes, le roi des parcs et le danseur de l’espace. J’adore… c’est plutôt court  »

Sur ce, il se dirigea vers son petit appartement. Bien évidemment il commença à prévenir sa voisine en lui annonçant qu’il devait rompre avec elle. Car oui, il ne pouvait avoir qu’un cuisinier dans sa vie. Elle ne sembla pas comprendre mais elle lui sourit avant qu’il s’engouffre chez lui

Sonnen souhaita un bon appétit à son professeur et s’attaqua à son repas. Ses sourcils se froncèrent soudainement (il avait toujours l’air brièvement fâché quand il trouvait quelque chose particulièrement bon).

- Hmmmmm, mais c’est trop bon, dit-il spontanément, en attaquant à nouveau le plat à coups de baguettes.

Ce n’était pas seulement à son gout mais aussi réconfortant. Il savourait. Adonis attira de nouveau son attention quand il tapota le rebord de son assiette. Sonnen arrêta son geste, la nourriture à mi-distance entre sa bouche et son plat. Il était un peu contrarié de devoir gâcher un si bon moment mais il comprenait pourquoi Adonis voulait le questionner. Son dos vint épouser le dos de sa chaise et son enthousiasme s’effaça un peu.

- Si c’est pour passer un aussi bon moment après je recommencerai bien.

Devant le regard sérieux d’Adonis il lâcha un petit « je plaisante », et enchaîna. Les manches de son pull devinrent soudainement intéressantes. Il se mit à jouer un peu avec, à cause de ce petit stress qui grandissait dans son estomac. Il n’avait pas envie d’en parler. Vraiment pas. Mais il se devait de fournir un effort pour Adonis qui lui avait gentiment donné un coup de main. Mais comment mettre des mots.

- J’ai quelques problèmes avec ma mère.

Il fit une courte pause.

- Je l’aime. Vraiment. Mais elle me bouffe et mon père n’est plus là pour la canaliser. Elle … voudrait que je sois quelqu’un d’autre.

Sonnen termina son repas avant de perdre définitivement son appétit. Il sourit à Adonis « Si vous voulez une suite, il va falloir m’échanger un peu d’infos sur vous. N’importe quoi. »



- Mes amis m'appelaient Tannie. Vous serez le seul à l'utiliser maintenant.

Les autres étaient assez drôles mais il serait gêné s'il l'entendait l'appeler comme ça depuis l'autre bout de la rue. Face au sourire de Zentsu, il ne pu qu'en afficher un aussi rayonnant, ou en tout cas qui s'en rapprochait "Merci pour aujourd'hui".

Shirotani attendit que Zentsu disparaisse de son champ de vision avant de rentrer. Après tout son rituel, il dévora ce qu'ils avaient acheté aujourd'hui, et posa le paquet de chips sur une étagère. Il le regarda longuement, avant d'aller se coucher.

Il ne dormit pas. Le lendemain, des belles cernes mauves avaient élu domicile sous ses yeux, qui étaient eux-mêmes gonflés. Quelle horrible tête. Il du aller au travail dans cet état et faillit piquer du nez au bureau. Les sonneries de téléphones le faisait sans cesse sursauter et revenir à la réalité. Quand il se rendit au lieu prévu avec Zentsu, il oscillait entre dormir debout et ne plus tenir en place.

Les parents. Les siens avaient été absent le long de sa vie. Il n’était pas le meilleur conseiller dans ce domaine. Sa mère vivait toujours sa vie d’éternelle célibataire avec ses amis punk de Londres. Avoir un parent se résumait à un coup de fil en anglais et des cadeaux à la fin du mois. Mais en ayant déjà donné des cours à quelques élèves, il avait déjà rencontré quelques parents. Ceux de Jumin aussi ..

- Je vois. J’imagine que vous avez déjà eu la conversation. Je sais que ça va être dur à entendre mais les adultes ne savent pas grand chose. Presque rien de plus que toi. Alors si tu crois que ta vérité prévale, elle est la plus importante. Ne laisse personne te définir. Tu es Sonnen, point final. Ne te détruis pas parce que quelqu’un ne peut pas te voir.


Il bu dans sa canette massant sa nuque meurtri par ses heures à corriger des copies. Quelque chose sur lui ? Le professeur éloigna sa canette, la remua, la posa puis la récupéra avec un petit air rempli de réflexion «  Sur moi . Quelque chose de personnel ?  »

Le petit jeu de la cannette s’arrêta alors , il se décida à raconter ses années lycées. C’était la période de sa vie la plus douce et troublante à ses yeux. «  J’ai toujours pensé que j’étais impopulaire au lycée. Je n’en étais pas malheureux, j’ai juste toujours assumé que les murmures dans les couloirs étaient à mon encontre. J’étais très anxieux. Je voyais tout négativement, je suivais mes amis parce que je craignais de perdre mon dernier lien avec les autres  ». Ça avait été une surprise sans nom de comprendre qu’il était extrêmement populaire durant la cérémonie des diplômes. La foule l’acclamant alors qu’il se dirigeait vers le podium pour récupérer ce qu’il pensait être un billet vers un monde meilleur.

«  Je pensais sincèrement qu’en ayant mon diplôme . Les portes du paradis s’ouvrirait, qu’on cesserait de murmurer mon nom. Puis il … il l’avait toujours dit . Il avait toujours dit que les autres me trouvaient trop lugubre.  ».

Il repoussa sa confession d’un geste de la main gêné. Pour une fois, le professeur semblait gêné par ce récit «  Et voilà que je passe ma vie au lycée. Moi qui était toujours si nerveux d’y entrer  »


- Mais je compte partir bientôt pour devenir maître de conférence à l’université . Le milieu me conviendra mieux





Zentsu répéta donc le surnom. Il prendrait soin de l’utiliser. En rentrant chez lui, il observa alors son salon. Peut-être qu’aujourd’hui, il pourrait penser aux recettes de demain. Il ouvrit une nouvelle page sur son ordinateur à côté de celle sur les morts les plus improbables.

Le lendemain arriva rapidement. Pourtant, pour une fois il arriva en retard au rendez-vous. Zen était visiblement épuisé par sa course, il chercha à parler mais il était haletant. Il n’était pas un sportif né. Il s’agita un peu avant de dire

- Désolé ! J’ai du passer à la pharmacie . Je n’avais plus de bandages pour la semaine prochaine

Expliqua t-il «  J’en voulais des bleus…  ». Il pouvait tout de même changer de couleur de tant à autres. Puis il sortit son portable «  J’ai cherché des recettes ! Vous avez une idée de ce que vous voulez … Wow .  »

- Tanie, ça va ? Vous avez l’air épuisé. On peut aller chez vous et commander pour aujourd’hui. Je peux pas vous laisser cuisiner … vous allez vous effondrer

Il n’était pas un tyran

Sonnen avait terminé son repas, et ses baguettes reposaient gentiment sur le côté. On pouvait dire que ça n’avait pas fait long feu. Il voulait à présent profiter de cette cuisine tous les jours. Si seulement. Il amena son verre d’eau à sa bouche. Il avait prévu d’en boire une grande quantité pour modérer la gueule de bois du lendemain. Son corps devait crier pour ça.

- Oui. C’est ce que je pense aussi.

Il reposa son verre.

- Si ça ne venait pas de ma propre mère je n’en aurais pas grand-chose à faire. Je pense … Que je dois juste supporter jusqu’à ce que je puisse vivre ailleurs, quand je serais à l’université. Ce n’est pas si loin, quelques mois … Mais je ne sais pas si j’y arriverai non plus, je sais qu’elle va vouloir que je reste et que je me sentirais coupable.

L’élève écouta avec attention l’histoire d’Adonis et ne pu s’empêcher de couler un regard vers la fameuse photo. Est-ce que son professeur faisait allusion à cette personne ? Probablement. Ça n’avait pas vraiment l’air d’être quelqu’un de bien … Mais Adonis l’avait suffisamment aimé, pour rester avec lui, même après sa mort. Ce cliché en témoignait. Une pensée vint à l’esprit de Sonnen. L’aimait-il encore ? S’autorisait-il à retomber amoureux ?

- Lugubre ? Vous êtes mon rayon de soleil monsieur, dit-il avec une voie gaie et un clin d’œil exagéré.

Alors il changeait changer de direction dans sa carrière. S’il n’avait pas été en terminale il serait beaucoup plus que déçu.

- Merci. C’est une bonne motivation pour ne pas rater mon année. Elle serait beaucoup trop ennuyante sans vous. Je vais redoubler d’efforts.

Sonnen commençait à sentir la fatigue lui monter et son corps se ramollir. Il releva les yeux vers Adonis et se permit une requête. « Ça vous dit de se mettre un petit film pour terminer la soirée ? »



Shirotani n’avait pas vraiment remarqué le retard de son thérapeute, trop perdu dans ses pensées. Il prenait quand même soin de s’écarter le plus possible des passants quand ils venaient trop près de lui. C’est au moment ou il décida de regarder l’heure sur son téléphone que Zentsu arriva, haletant.

Sa proposition était alléchante mais il essaya de se battre contre l’envie d’accepter. Il avait déjà fait le chemin pour être ici, au supermarché, et en plus il lui avait promis (enfin, ce n’était pas vraiment le cas mais il le ressentait ainsi) de cuisiner pour lui. Shirotani fit vivement non de la tête.

- Non. Ça ira.

Il regarda la devanture et resta bloqué quelques minutes telle une statue. Comme un rituel déstressant, il retira ses gants, se désinfecta minutieusement les mains avec son gel hydroalcoolique, remit ses gants, et enfin sortit un masque de son sac pour bien le positionner sur son nez. Maintenant que tout ça était en place, il se sentait légèrement mieux. D’un pas mal assuré, il traversa les portes du magasin.

- Dites-moi ce que vous aimeriez manger aujourd’hui, Zen.

Dans ses yeux on pouvait lire « répondez-moi vite s’il vous plait ». Il avait déjà appris où était chaque ingrédient pour être plus efficace, mais il du désinfecter aussi le panier de courses. Il ne pouvait décemment pas tout tenir, et il n'était pas à l'aise non plus à l'idée que Zen prenne quelque chose en main. Ce geste lui prit quelques minutes ou absolument chaque millimètre fut passé au scanner.